Les parents des 43 étudiants disparus dans le sud du Mexique ont conduit vendredi, trois mois après la tragédie, une manifestation regroupant quelque 3000 personnes au centre de Mexico, derrière les portraits géants de leurs enfants.

Les proches des élèves-enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa voulaient démontrer, pendant la période des fêtes de fin d'année, que leur combat continuait pour les leurs, malgré la quasi-certitude des autorités fédérales que les 43 jeunes ont été massacrés par une organisation criminelle à Iguala, dans l'État du Guerrero.

Cet Etat a été le théâtre cette semaine d'un nouvel acte de violence criminel avec le meurtre d'un prêtre catholique, deux mois après la découverte du cadavre d'un autre prêtre, ce qui a provoqué une réaction forte de l'épiscopat mexicain.

«Vivants on les a emmenés, vivants nous les voulons», est resté le slogan préféré les manifestants dont certains brandissaient un immense drapeau mexicain dont les couleurs rouge et verte entourant l'aigle au serpent dans le bec avaient été remplacées par le noir.

«Que veut Ayotzinapa?», demandait la tête de la manifestation, «Justice! Justice», répondait la foule.

La nuit du 26 au 27 septembre, les élèves-enseignants d'Ayotzinapa, avaient été attaqués par des policiers corrompus d'Iguala. Ceux-ci les avaient ensuite livrés au cartel de la drogue des Guerreros Unidos, sans doute à l'instigation du maire de la ville, aujourd'hui sous les verrous. Ils auraient ensuite été tués puis brûlés, selon les déclarations de plusieurs détenus, soupçonnés d'avoir commis ce crime.

Mais, pour l'instant, seul l'un de ces étudiants a pu être identifié à partir des restes de son corps calciné, ce qui justifie le mince espoir de retrouver ses 42 compagnons.

Mais les parents s'accrochent à l'idée que leurs enfants sont encore vivants et que les forces armées savent où ils se trouvent.

«Avec l'aide de tout le peuple nous allons les trouver, mais s'ils sont retenus dans les lieux les plus retirés des casernes militaires, parce que nous sommes certains qu'ils les ont», a dit Felipe de la Cruz, porte-parole des parents, lors de la réunion tenue à la fin de la manifestation.

Pendant la veillée de Noël, les parents avaient déjà manifesté sous une forte pluie devant Los Pinos, la résidence officielle du président de la République, Enrique Peña Nieto, confronté en raison de ce crime barbare, à sa plus grave crise en deux ans d'exercice du pouvoir.

Cette même soirée de Noël, le président a appelé les Mexicains à l'union. «C'est le moment de construire, non de détruire; c'est le moment de nous unir, non de nous diviser», a-t-il dit.

Nouveau meurtre d'un prêtre dans le Guerrero

L'État du Guerrero a de nouveau été le théâtre de la violence criminelle cette semaine avec la découverte du cadavre d'un prêtre, tué d'une balle dans la tête, selon les autorités policières régionales.

Le corps du père Gregorio Lopez Gorostieta a été retrouvé près du village de Tlapehuala, situé dans la zone de Tierre Caliente, deux mois après la découverte du corps d'un autre prêtre il y a deux mois.

La conférence épiscopale du Mexique a publié vendredi un communiqué dans lequel elle exige des autorités mexicaines que «les coupables de ce crime soient punis conformément à la loi».

«Nous nous faisons l'écho de ce que ressentent de nombreux Mexicains et nous répétons: cela suffit maintenant! Nous ne voulons plus de sang. Nous ne voulons plus de disparus», écrit l'épiscopat mexicain.

Fin octobre, le corps du père John Ssenyondo, un prêtre ougandais enlevé en avril alors qu'il célébrait une messe, avait été retrouvé parmi 13 cadavres dans une fosse commune dans le village d'Ocotitlan, dans la zone montagneuse du Guerrero.

Selon le rapport 2014 du Centre catholique multimédia (CCM), huit prêtres ont été tués en deux ans, depuis l'arrivée du président Enrique Peña Nieto au pouvoir en décembre 2012, et deux autres sont toujours portés disparus.