Un Mexicain qui a perturbé la remise du prix Nobel à Oslo en brandissant un drapeau de son pays a expliqué jeudi avoir voulu dénoncer l'assassinat d'étudiants dont il accuse les autorités mexicaines.

«Mon message consistait à demander de l'aide pour le Mexique. C'est ce que j'ai crié», a expliqué Adan Cortes Salas, cité par le site de la chaîne NRK qui l'a rencontré dans un centre de rétention où il a été placé par la police norvégienne.

«Les autorités tuent les étudiants», a-t-il dit, vraisemblablement en référence à la disparition en septembre de 43 étudiants à Iguala, dans une région pauvre du sud du pays.

Ceux-ci avaient été attaqués, vraisemblablement sur ordre du maire de la ville, par un commando formé de policiers liés aux trafiquants de drogue. En se basant sur des témoignages de personnes arrêtées lors de l'enquête, les autorités estiment que les jeunes ont tous été tués et leurs corps brûlés.

Grosse boucle d'oreille, lunettes sur le nez et appareil photo accroché au cou, Salas s'était planté mercredi devant les lauréats, la Pakistanaise Malala Yousafzai et son colauréat, l'Indien Kailash Satyarthi, et leur avait demandé de parler du Mexique en agitant un drapeau mexicain symboliquement taché de rouge.

Présenté comme un militant de gauche par les médias mexicains, le jeune homme a accepté d'acquitter une amende de 15 000 couronnes (près de 2500$), reconnaissant les faits qui lui étaient reprochés de «trouble à l'ordre public» et d'intrusion illégale dans l'enceinte de l'Hôtel de ville où avait lieu la cérémonie Nobel.

«Ce n'était pas planifié de longue date. J'ai appris qu'il y avait la cérémonie alors que j'étais en ville (à Oslo, ndlr) et j'ai pensé que c'était une bonne opportunité de promouvoir mon message», a-t-il aussi dit au journal VG.

Étudiant et demandeur d'asile entré en Norvège fin novembre, la police de l'immigration doit maintenant décider de son sort.

Les forces de l'ordre, qui l'ont évacué assez rapidement mais n'avaient pas su l'empêcher d'entrer, ont présenté leurs excuses mercredi pour cette «brèche dans la sécurité» qui «n'aurait pas dû se produire», selon le chef de la police d'Oslo, John Fredriksen.

Les deux lauréats du prix Nobel n'avaient pas semblé troublés par l'incident. «Il n'y avait rien d'effrayant», a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi Malala, qui a réchappé à une tentative d'assassinat au Pakistan lors de laquelle elle avait reçu une balle dans la tête.

«Il y a des problèmes au Mexique, il y a même des problèmes aux États-Unis et en Norvège (...) Il est vraiment important que les enfants se fassent entendre», a-t-elle dit.