L'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) ainsi que deux chaînes de télévision ont reçu des menaces de mort signées par une bande illégale en Colombie, a annoncé lundi le parquet.

Une enquête a été ouverte par la justice à la suite d'une lettre adressée à la télévision publique Canal Capital, qui contenait des menaces adressées également à la chaîne d'information latino-américaine Telesur, dont le siège se trouve au Venezuela, et à RSF.

La lettre d'intimidation est revendiquée par la bande des «Aigles noirs», puissante organisation criminelle composée en partie d'anciens paramilitaires d'extrême-droite et opposée au pourparlers engagés par le gouvernement avec la guérilla marxiste des Farc.

Elle fustige le travail des deux chaînes de télévision qui présentent une ligne éditoriale de gauche, les accusant de servir de «caisse de résonance au processus de paix» avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Les négociations de paix, délocalisées depuis deux ans à Cuba, visent à résoudre le plus ancien conflit d'Amérique latine, qui a fait 220.000 morts et 5,3 millions de déplacés en un demi-siècle, selon des chiffres officiels.

Les milices paramilitaires, nées dans les années 80 pour combattre les guérillas communistes, ont été officiellement dissoutes en 2006, mais une grande partie de ses membres ont rejoint des bandes de narcotrafiquants.

La lettre de menace signée par les «Aigles noirs» s'en prend indifféremment aux «fils de pute de journalistes», «politiciens ignorants» et «défenseurs des droits de l'homme», avant de se conclure par un avertissement à RSF: «vous avez trente jours pour disparaître on nous ne répondons plus de votre vie».

En 2012, l'association de défense des journalistes avait placé les «Aigles noirs» dans sa liste des «prédateurs de la liberté de la presse».

Selon le Comité pour la protection des journalistes, une ONG basée à New York, la Colombie est le cinquième pays au monde pour le nombre de meurtres de journalistes impunis.