Derrière les portraits des 43 étudiants disparus, des milliers d'élèves et d'enseignants mexicains ont à nouveau protesté vendredi dans l'État de Guerrero, en colère contre le gouvernement après le probable massacre des jeunes par un gang.

La manifestation dans les rues de Chilpancingo, capitale de l'État de Guerrero, s'est déroulée dans le calme, tranchant avec les protestations violentes de ces derniers jours, au cours desquelles plusieurs bâtiments publics ont été incendiés.

Le président Enrique Peña Nieto, qui vit sa pire crise depuis son arrivée au pouvoir en 2012, était encore une fois la cible de la colère : «Dehors le narcogouvernement de Peña Nieto», «il nous en manque 43», disaient les slogans peints par les manifestants sur plusieurs commerces de la ville.

En tête de cortège, plusieurs parents des disparus étaient présents, suivis d'étudiants et de professeurs, pour certains le visage masqué et armés de bâtons et de barres métalliques.

«Ils disent que nous sommes violents, mais c'est une réponse à tant d'assassinats, tant d'enlèvements, et au fait que les autorités, complices du crime organisé, laissent cela impuni», a déclaré à l'AFP l'un des manifestants, qui s'est lui-même identifié comme «Comandante Muerte», masqué par des lunettes noires et un foulard avec une tête de mort.

Le Mexique reste indigné par l'attaque brutale contre les étudiants à Iguala (État de Guerrero) menée le 26 septembre par des policiers municipaux corrompus.

Après cette attaque, qui a fait six morts, dont trois étudiants, les policiers auraient remis 43 étudiants au gang criminel Guerreros Unidos, dont trois membres, arrêtés après les faits, ont livré un récit terrifiant : selon eux, le gang aurait fait brûler les corps sur un gigantesque bûcher pendant 14 heures, dans une décharge, avant de disperser les restes dans une rivière avoisinante.

Les parents, qui refusent cette version des faits, ont entamé jeudi une tournée dans le pays, sous le slogan «On nous les a pris vivants, nous les voulons vivants». Leur objectif : sensibiliser la population pour faire pression sur les autorités et exiger la poursuite des recherches.

En dépit de l'émotion et de l'indignation créée par cette affaire au Mexique et dans le monde, le chef de l'État Enrique Peña Nieto a maintenu sa tournée internationale cette semaine en Chine et en Australie à l'occasion des sommets de l'Apec et du G20.