Le gouvernement haïtien a officiellement annoncé le report des élections législatives et municipales qui devaient avoir lieu ce dimanche, une nouvelle qui était attendue au vu des difficultés à organiser le scrutin ces dernières semaines.

«L'arrêté convoquant le peuple dans ses comices est reporté», lit-on dans un communiqué du secrétariat de la présidence. Aucune nouvelle date n'a été annoncée pour la tenue des élections.

Avec déjà plus de trois ans de retard, des élections législatives, municipales et locales devaient être organisées ce 26 octobre en Haïti pour élire 20 sénateurs, la chambre des députés, 102 parlementaires, ainsi que les responsables municipaux.

Toutefois, dans le communiqué annonçant le report du scrutin, le bureau de la communication de la présidence indique que «le président Michel Martelly dans son constant souci de garantir la stabilité politique, promet de poursuivre les consultations avec les différents secteurs de la vie nationale afin de tenir les élections dans le plus bref délai».

En réaction à cette annulation, plusieurs milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté sous un chaud soleil dans les rues de Port-au-Prince contre le président Martelly, dont ils ont réclamé la démission pour son «incapacité à organiser des élections dans le pays».

Des manifestants venus pour la plupart de quartiers du centre de Port-au-Prince ont circulé sur plusieurs artères brandissant des cartons rouges pour exiger le renvoi du président Martelly.

Sur le parcours, des jeunes manifestants ont arraché des effigies de M. Martelly et les affiches publicitaires ayant rapport avec les activités du gouvernement.

Deux militants de l'opposition qui avaient appelé à la manifestation ont été interpellés par la police pour «trouble à l'ordre public et incitation à la violence».

La police a bloqué les manifestants qui voulaient se rendre devant le siège du Conseil électoral provisoire chargé d'organiser les élections.

«Il [Martelly] doit partir. C'est une dictature qu'il veut installer en Haïti», pouvait-on lire sur des pancartes au milieu de la foule.

L'impossibilité d'organiser des élections législatives depuis trois ans pourrait conduire à une impasse politique en Haïti où le président Martelly va être en mesure de diriger le pays tout seul, par décrets, à partir de début 2015 en l'absence du Parlement.

En visite aux États-Unis en début de mois, le premier ministre Laurent Lamothe avait déclaré qu'il n'était pas possible d'organiser de scrutins tant que la loi électorale n'était pas votée par le Sénat.

«Nous travaillons d'arrache-pied [...] pour faire voter cette loi et organiser les élections dès que possible. Si cela ne tenait qu'à nous, nous aurions des élections demain», avait dit M. Lamothe.