Les protestations violentes continuent dans l'Etat mexicain de Guerrero après la disparition de 43 étudiants il y a un mois à Iguala, tandis que les autorités ont donné un nouveau chiffre de 38 cadavres, non encore identifiés, trouvés dans des fosses clandestines aux environs de cette ville.

Quelque 200 étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa, où étudiaient les disparus, appuyés par des enseignants, ont pillé samedi au moins deux supermarchés de Chilpancingo, capital du Guerrero, dans le sud du Mexique.

Première victime politique de cette affaire qui continue de susciter l'indignation au Mexique et dans le monde, le gouverneur du Guerrero, Angel Aguirre, avait annoncé sa démission jeudi. Le parlement du Guerrero a accepté cette démission samedi à l'unanimité et devrait désigner son successeur mardi.

Le gouverneur Aguirre a cédé à la pression du mouvement des proches des victimes, des étudiants et enseignants, ainsi qu'à celle des principaux partis politiques mexicains, y compris sa propre formation, le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche).

Malgré cette démission, des manifestants, dont plusieurs le visage masqué, ont détruit samedi des vitres et des rayons de commerces et de supermarchés, emportant des aliments et des articles électroménagers, tandis qu'il peignaient «Tout gratuit» sur les murs de plusieurs établissements.

Ces violences s'ajoutent à une série d'actes de protestation ou de vandalisme ces derniers jours dans le Guerrero: saccage et incendie des bâtiments du gouvernement régional à Chilpancingo le 13 octobre, incendie la semaine suivante du siège du PRD dans la même ville, incendie de la mairie d'Iguala mercredi.

«Crime de lèse-humanité»

De son côté, une «commission civile», composée de plusieurs ONG et personnalités comme le poète Javier Sicilia, a dénoncé samedi la disparition des jeunes le 26 septembre aux mains de la police et du crime organisé d'Iguala comme un fait qui «atteint les proportions d'un crime de lèse-humanité».

Elle a accusé l'État mexicain d'avoir été «incapable» de coordonner les enquêtes, qui ne donnent encore aucun résultat, un mois après la nuit fatidique d'Iguala.

Vendredi soir, les autorités judiciaires ont fait passer de 30 à 38 le nombre des cadavres trouvés dans des fosses clandestines dans les zones montagneuses des environs d'Iguala.

Le 4 octobre, 28 corps avaient été exhumés près de la localité de Pueblo Viejo. Le 9 octobre, le ministre de la Justice avait annoncé que deux autres corps avaient été trouvés dans les premières fosses et que quatre nouvelles fosses clandestines avaient été découvertes, sans préciser le nombre de corps qu'elles contenaient. Vendredi, son ministère a indiqué dans un communiqué que 8 cadavres y avaient été découverts.

Les autorités, qui avaient annoncé début octobre qu'aucun des 28 premiers corps découverts n'était celui de l'un des étudiants disparus, déclarent maintenant qu'elles sont «dans l'attente» des analyses séparées effectuées par un groupe d'experts argentins.

Sans information nouvelle sur le sort des étudiants disparus, les autorités continuent aussi à rechercher le maire d'Iguala et son épouse, considérés comme les instigateurs de l'attaque contre les étudiants le 26 septembre et à l'encontre desquels a été lancé un mandat d'arrêt.

Depuis le début de l'affaire, 52 personnes ont été arrêtées, dont une quarantaine de policiers municipaux accusés d'avoir participé à l'attaque contre les étudiants le 26 septembre à Iguala. Cette attaque a fait 6 morts et 25 disparus. Des témoins ont ensuite vu des dizaines d'étudiants emmenés par la police, dont on sait maintenant qu'ils ont été livrés au groupe local de narcotrafiquants des Guerreros Unidos.

La disparition des étudiants a provoqué de multiples manifestations d'inquiétude ou d'indignation de la part d'organismes internationaux comme l'ONU et l'Union européenne et de personnalités comme le footballeur mexicain du Real Madrid, Javier «Chicharito» Hernández, qui a envoyé un message de soutien aux familles des jeunes disparus.