Les autorités judiciaires mexicaines ont annoncé vendredi l'arrestation du chef présumé d'un cartel de narcotrafiquants soupçonné d'être responsable de la disparition,  il y a trois semaines à Iguala (sud), de 43 étudiants après une fusillade provoquée notamment par la police.

Sidronio Casarrubias Salgado, chef du groupe criminel des Guerreros Unidos, a été arrêté en compagnie d'un de ses plus proches lieutenants, a indiqué au cours d'une conférence de presse Tomas Zeron, directeur des enquêtes criminelles du ministère de la Justice.

Il a été interpellé à un barrage policier, dressé sur une route menant à Mexico  et à Toluca (centre), après avoir présenté de faux papiers, a expliqué M. Zeron. Il s'agit du frère de Mario Casarrubias, fondateur présumé et chef précédant des Guerreros Unidos, qui a été arrêté en mai.

Selon les autorités, les 43 étudiants disparus ont été remis par des policiers municipaux à des membres du cartel des Guerreros Unidos;

Depuis trois semaines, le gouvernement mexicain est confronté à une forte pression à l'intérieur du pays, mais aussi depuis l'étranger pour retrouver ces disparus.

Des milliers de manifestants ont encore défilé dans le calme vendredi à Acapulco, principale ville de l'État de Guerrero au sud, pour exiger que cette affaire soit résolue ainsi que la démission du gouverneur du Guerrero, Angel Aguirre, pour sa gestion des événements.

43 jeunes entre 17 et 21 ans ont disparu le 26 septembre à Iguala après une fusillade provoquée par des policiers et des hommes armés, présumés narcotrafiquants, et qui avait fait six morts et 25 blessés.

Les autorités judiciaires ont depuis procédé à l'arrestation de près de 50 personnes, dont 40 policiers, mais avaient admis ne pas détenir encore les cerveaux du crime et ni pouvoir en déterminer les motifs. Toutefois, de plus en plus d'éléments témoignaient de l'infiltration des Guerreros Unidos à Iguala.

La capture peut ouvrir de nouvelles pistes

Cette prise pourrait conduire à de nouvelles pistes sur le mystère des 43 étudiants disparus depuis trois semaines, une affaire qui a suscité de nouvelles manifestations d'indignation.

Sidronio Casarrubias Salgado, est le frère de Mario Casarrubias, dit «Joli Crapaud», fondateur et précédent dirigeant des Guerreros Unidos, le groupe criminel accusé de s'être allié à la police municipale de la ville d'Iguala pour tirer sur des étudiants la nuit du 26 septembre, une attaque qui avait fait 6 morts et 25 blessés. C'est après ces incidents que 43 élèves-enseignant de l'école normale d'Ayotzinapa furent portés disparus.

Jesús Murillo Karam, le ministre de la Justice, a indiqué que Sidronio Casarrubias avait nié avoir ordonné l'attaque contre les étudiants. Mais il a assuré que sa capture était «le début d'une nouvelle piste qui peut nous rapprocher plus vite et plus facilement de la vérité».

Les autorités judiciaires pensent qu'après la fusillade, les 43 jeunes ont été emmenés par la police d'Iguala à la municipalité voisine de Cocula et livrés à des hommes des Guerreros Unidos.

Selon certains des présumés membres des Guerreros Unidos arrêtés, l'ordre d'assassiner les jeunes aurait été donné par un des chef du cartel, seulement connu sous le surnom de «Chucky».

Manifestation à Acapulco

Le gouvernement mexicain est confronté à une pression croissante dans le pays et à l'échelle internationale pour que la lumière soit faite sur cette affaire énigmatique, qui a jeté une lumière crue sur la connivence entre autorités locales, policiers et narcotrafiquants.

Le président Enrique Peña Nieto insiste jour après jour sur le fait que les 2000 policiers et militaires déployés à Iguala font leur possible pour retrouver la trace des jeunes disparus.

Mais aucun d'entre eux n'a été identifié parmi les 28 premiers cadavres trouvés dans des fosses clandestines près d'Iguala. Il reste encore à déterminer un nombre encore indéterminé de corps trouvés dans trois autres fosses clandestines, a indiqué le ministre Murillo Karam.

Vendredi, des milliers de manifestants ont défilé dans le calme à Acapulco, principale ville de l'État de Guerrero au sud du Mexique, pour exiger la vérité sur cette affaire.

«Vivants ils les ont emmenés, vivants nous les voulons !», ont crié étudiants, enseignants et paysans qui demandent également la démission du gouverneur du Guerrero, Angel Aguirre, pour sa gestion de cette affaire.

«Nous voulons que les autorités cessent de faire semblant, elles savent déjà s'ils sont vivants ou morts. Et nous voulons qu'on nous montre les corps ou qu'on les libère», a déclaré Jesus Gonzalez, un professeur portant une chemise à l'effigie de «Che» Guevara et un sombrero de paille pour se protéger du soleil.

Selon la police régionale, quatre mairies du Guerrero sont occupées depuis deux jours par des enseignants et des étudiants.

Les occupations et les manifestations sont menées par la Coordination régionale des travailleurs de l'éducation de Guerrero (CETEG), une fraction radicale du syndicat national des enseignants. «Nous n'avons pas la capacité d'occuper les 81 mairies de l'État en un seul jour, aussi notre plan est de le faire de manière progressive», a assuré José Angel Baron, porte-parole de la CETEG.

Le maire d'Iguala, José Luis Abarca, et son épouse, en cavale depuis le lendemain des événements du 26 septembre, sont toujours recherchés par la police.

Le Congrès de l'État du Guerrero, dont le siège situé dans la capitale Chilpancingo avait été attaqué mardi par des enseignants et des étudiants, a révoqué le maire d'Iguala de son mandat vendredi.

Par ailleurs, le gouverneur Aguirre a démis de ses fonctions son responsable de la santé publique, Lazaro Mazon, mentor politique du maire d'Iguala et qui a été appelé à déposer devant la justice.