Le président mexicain Enrique Peña Nieto a assuré lundi que les responsables de l'enlèvement de 43 étudiants le 26 septembre à Iguala seraient châtiés, tandis que les familles demandent que tout soit fait pour les retrouver vivants.

«Dans l'État de droit il n'y a pas la moindre place [...] pour l'impunité», a déclaré lundi Enrique Peña Nieto dans un message diffusé en direct à la télévision depuis le palais présidentiel.

Iñaky Blanco, procureur de l'État du Guerrero, avait annoncé la veille que deux membres présumés d'un cartel criminel, alliés à la police locale, avaient avoué ont avoir tué 17 des étudiants disparus. Il avait également indiqué que 28 corps avaient été retrouvés près de la ville d'Iguala, dans l'État de Guerrero, au sud du Mexique.

Ces faits sont «révoltants, douloureux et inacceptables», a ajouté M. Peña Nieto, assurant de sa pleine collaboration pour résoudre cette affaire. «Je regrette tout particulièrement la violence qui a été employée et surtout le fait qu'il s'agisse de jeunes étudiants».

S'il se confirmait que les corps trouvés sont ceux des étudiants disparus, il s'agirait de l'un des pires massacres au Mexique depuis le début de la guerre lancée en 2006 contre les narcotrafiquants et qui a fait plus de 80 000 morts.

Pour leurs parents, les étudiants sont en vie

Les parents et les proches des disparus continuent de les croire vivants. «Nous n'allons pas croire que ce sont nos enfants», a affirmé lundi Manuel Martinez, porte-parole du comité des parents, à propos des corps retrouvés dans des fosses, lors d'une conférence de presse donnée à l'intérieur de l'école normale d'Ayotzinapa, d'où venaient les étudiants disparus.

La participation du gouvernement fédéral à l'enquête «n'est pas une faveur, c'est une obligation de nous rendre nos enfants en vie le plus tôt possible», a dit de son côté la mère d'un des disparus.

Ces élèves-enseignants d'Ayotzinapa, école connue pour être un foyer de contestation, étaient venus le 26 septembre avec des dizaines d'autres du même établissement à Iguala, à 100 km de distance, pour, selon leurs dires, récolter des fonds et manifester. Ils s'étaient ensuite emparés de trois autobus des transports publics locaux pour rentrer chez eux.

Des policiers municipaux et des hommes armés non identifiés avaient tiré sur ces autobus, faisant trois morts, et d'autres fusillades dans la soirée avaient fait trois autres morts.

Des témoins ont assuré avoir vu des dizaines d'étudiants être emmenés peu après dans des voitures de police vers une destination inconnue.

Les tueurs auraient fait descendre les étudiants d'un autobus, «se sont emparés de 17 d'entre eux pour les transférer vers les hauteurs d'une colline de Pueblo Viejo (commune d'Iguala), où ils ont des fosses clandestines et où ils disent les avoir abattus», a déclaré le procureur de Guerrero.

Corps calcinés

Dans ces fosses découvertes samedi, les autorités ont exhumé jusqu'à présent «28 corps au total, certains complets, d'autres fragmentés et présentant des signes de calcination», a-t-il ajouté.

«Dans les fosses localisées à Pueblo Viejo, ont été mis en place une couche de branches et des troncs sur lesquels ont été placés les corps des victimes, qu'ils ont arrosés d'une substance inflammable», a-t-il détaillé.

M. Blanco a demandé que l'on attende les résultats des tests génétiques pour confirmer qu'il y a parmi eux certains des étudiants disparus.

Des spécialistes argentins vont participer aux travaux d'identification des cadavres. Des représentants des étudiants de l'école normale ont accepté de participer aux travaux.

Dans la journée de dimanche, un avocat des familles, Vidulfo Rosales, avait indiqué que 35 parents des disparus avaient déjà fourni des échantillons d'ADN.

Mais ce travail risque de durer: «Les spécialistes considèrent que le processus pour déterminer l'identité» des cadavres «va osciller entre 15 jours et deux mois», a souligné le procureur.