La police brésilienne a signé lundi un accord avec des détenus de la prison de Cascavel (sud) pour mettre fin à une violente mutinerie qui a fait quatre morts, dont deux prisonniers décapités.

«Un accord a été signé entre la police et les prisonniers pour mettre fin à la mutinerie» qui durait depuis dimanche matin, a expliqué à l'AFP Elson Faxina, porte-parole du ministère de la Justice de l'État de Parana, dont fait partie Cascavel.

«Des prisonniers sont en train d'être transférés dans un autre pénitencier, car environ la moitié de la prison a été détruite. Ensuite les deux gardiens pris en otage seront libérés. L'incident est clos», a expliqué ce porte-parole.

Quelque 800 détenus de la prison, soit 80% d'entre eux, ont participé à la mutinerie, a-t-il souligné.

«La police doit à présent entrer dans la prison pour constater s'il n'y a pas eu plus de victimes et l'étendue des dégâts matériels», a ajouté M. Faxina.

La mutinerie a éclaté dimanche matin, quand un groupe de détenus a attaqué les gardiens alors que le petit-déjeuner était en train d'être servi. À ce moment-là, seuls dix surveillants étaient présents, selon des représentants des gardiens.

Deux prisonniers ont été décapités et deux autres jetés dans le vide depuis le toit de la prison par d'autres détenus, ce qui laisse penser à un affrontement entre bandes rivales de narcotrafiquants, selon les autorités.

Les images diffusées à la télévision, et qui faisaient la Une des journaux brésiliens lundi, montraient une partie des mutins sur le toit de l'établissement, vêtus pour la plupart de tenues orange et avec le visage camouflé par du tissu blanc.

Certains étaient armés de couteaux et semblaient menacer les otages, présents avec eux sur le toit.

La prison est passée à 60% sous le contrôle des mutins qui réclamaient de meilleures conditions dans ce bâtiment ancien, ainsi qu'un régime plus souple de visites et d'entrée de produits alimentaires.

La police n'a pas encore pu identifier les quatre détenus tués ni retirer les corps de ceux ayant été décapités, avait indiqué dans la matinée le ministère de la Justice de Parana, selon lequel au moins 40% de la prison ont été détruits.

Officiellement, l'établissement a une capacité de 1181 détenus et n'en compte que 1140.

Mais «cette prison a besoin d'investissements», a expliqué à l'AFP Anthony Johnson, président du syndicat des surveillants pénitentiaires de Parana.

«La capacité a été augmentée seulement sur le papier, car au départ elle n'était que de 900 détenus, donc il y a surpopulation», a-t-il affirmé.

Dimanche, 145 détenus ont ainsi été transférés à d'autres établissements, car ils étaient menacés par les mutins.

Le Brésil compte actuellement 548 000 détenus. Selon l'ONG Conectas, le pays aurait besoin de 207 000 places supplémentaires pour éviter la surpopulation carcérale.