Le Mexique a inauguré mardi lors d'une cérémonie solennelle sa toute nouvelle Gendarmerie nationale, promise par le président Enrique Peña Nieto et composée initialement de 5000 éléments dont la priorité sera de protéger l'économie mexicaine du crime organisé.

«La Gendarmerie va contribuer à contenir et à désarticuler les organisations criminelles qui minent l'activité économique dans des territoires déterminés par le vol, l'extorsion ou les enlèvements», a dit le chef de l'État face à la nouvelle force de sécurité dépendant de la Police fédérale.

Inspirée par celles existant en France, en Colombie et au Chili, la Gendarmerie mexicaine se concentrera sur «la réduction de la criminalité, la réouverture de commerces et à la liberté de mouvement des personnes et des produits», dans les zones en proie à la violence du crime organisé, a dit le président mexicain.

Le projet de gendarmerie, annoncé initialement pour compter 40 000 éléments, avait été l'une des promesses de campagne d'Enrique Peña Nieto pour faire face à la violence à laquelle est en proie le Mexique.

Depuis que l'ex-président Felipe Calderón (2006-2012) a lancé une offensive militaire contre les groupes criminels au début de son mandat, les affrontements liés aux narcotrafiquants ont fait plus de 80 000 morts dans le pays.

Mais la création de la Gendarmerie, qui augmente de 18 % les capacités opérationnelles de la Police fédérale n'implique pas le retour des Forces armées dans ses casernes, a souligné Monte Alejandro Rubido, commissaire national chargé de la Sécurité, lors d'une rencontre antérieure avec la presse étrangère.

5000 élus sur 130 000 candidats 

Les membres de la Gendarmerie, dont l'âge moyen est de 28 ans, ont défilé vendredi pour la première fois dans les cinq uniformes qu'ils porteront, à pied ou à cheval, dans des zones rurales, urbaines, touristiques ou frontalières.

Les 5000 gendarmes ont été choisis parmi 130 000 candidats à l'issue d'examens de confiance, médicotoxicologiques ou psychologiques. Ils bénéficieront de crédits hypothécaires et d'un salaire minimum de 14 000 pesos (environ 1165 $).

«C'est une police faite pour être vue, pour s'afficher. Ce sont des corps d'élite formés pour avoir beaucoup d'interrelations avec les citoyens de base», a dit à l'AFP Gerardo Rodriguez, expert en sécurité nationale.

Pour ce spécialiste, la Gendarmerie aura essentiellement une fonction de proximité et sera appuyée sur le plans tactique et du renseignement, par la Police fédérale et les militaires.

Protection des investissements pétroliers

La mise en marche du nouveau corps de sécurité intervient peu après la promulgation de la réforme énergétique impulsée par Peña Nieto et qui ouvre, pour la première fois depuis 75 ans les secteurs pétrolier, gazier et électrique aux capitaux privés, nationaux ou étrangers.

Deux des principales régions pétrolières du Mexique, les États du Tamaulipas (nord-est) et de Veracruz, sont gangrenées par le cartel du Golfe et le groupe criminel des Zetas qui, outre leur violence, se livrent à grande échelle au détournement du pétrole brut des oléoducs.

Tandis que l'État de Mexico, qui entoure en grande partie la capitale, traverse une crise de sécurité préoccupante, dans le Michoacan (ouest), l'important port de Lázaro Cárdenas, sur le Pacifique, a été pris en charge par les autorités fédérales pour mettre fin à son contrôle par le cartel des Chevaliers Templiers, qui rackettait par ailleurs les importants producteurs de citron de la région.

«Quand vont commencer les appels d'offres» générés par la réforme énergétique, «la gendarmerie sera présente» pour protéger les zones où le crime organisé peut «perturber le cycle de production», a prévenu Rubido.