Le Venezuela a annoncé lundi le déploiement de 17 000 militaires le long de sa frontière avec la Colombie, désormais fermée la nuit pour éviter la contrebande, nuisible à l'économie de ce pays qui compte l'essence la moins chère au monde.

«Nous avons 17 000 effectifs déployés dans toute la zone frontalière et c'est suffisant pour garantir la sécurité», a expliqué à la presse, dans la province frontalière de Tachira (ouest), le responsable de l'opération, le général Vladimir Padrino Lopez, commandant stratégique des forces militaires vénézuéliennes.

Le Venezuela avait annoncé samedi qu'il restreindrait, dès le lundi, le trafic entre 22h et 5h pour les véhicules particuliers et les personnes, et à partir de 18h pour les poids lourds, dans le but de «renforcer les politiques souveraines afin de lutter contre la contrebande qui extrait (des produits) du Venezuela vers la Colombie».

La mesure sera en vigueur sur les 2200 kilomètres de la frontière, pendant trente jours, puis son impact sera évalué. Elle se doublera d'un contrôle accru des centres de distribution d'aliments, surtout ceux situés en zones frontalières.

Selon le gouvernement vénézuélien, cette fermeture de frontières a été décidée par les présidents des deux pays, Nicolas Maduro (Venezuela) et Juan Manuel Santos (Colombie), lors d'une récente rencontre sur le thème de la contrebande.

Depuis le début 2014, quelque 40 millions de litres d'essence et 21 000 tonnes d'aliments provenant de la contrebande ont déjà été saisis, selon le général en charge de l'opération.

Le Venezuela, qui dispose des plus importantes réserves pétrolières au monde, offre l'essence la moins chère de la planète: le plein d'une voiture coûte par exemple moins cher qu'une bouteille d'eau.

De quoi inciter à la contrebande depuis la Colombie, où le litre d'essence coûte 1,18 dollar.

Les produits basiques, dont les prix sont contrôlés au Venezuela et peuvent coûter jusqu'à dix fois moins cher qu'en Colombie, font eux aussi l'objet d'un trafic.

Selon le gouvernement vénézuélien, la contrebande à la frontière fait sortir du pays 40% des produits de base et l'équivalent de 100 000 barils de pétrole par jour, occasionnant des pertes annuelles de 3,65 milliards de dollars.

L'économie colombienne souffre elle aussi de ce trafic, en raison de la concurrence déloyale des produits vénézuéliens sur son propre marché.