Le chef suprême de la guérilla des Farc a écarté lundi la possibilité de trouver cette année un accord de paix avec le gouvernement colombien, alors qu'un nouveau chapitre des négociations s'ouvre mardi à Cuba, sur la question des victimes.

«Je crains que non. Bien sûr nous aimerions tous que les choses se fassent le plus tôt possible, mais cela n'exclut pas que nous les regardions avec objectivité», a déclaré le numéro un des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Timoleon Jimenez, alias «Timochenko», dans un entretien publié par le site www.pazfarc-ep.org.

«Il est facile d'en conclure que les délais ne sont pas suffisants pour (arriver à un accord) cette année», a-t-il ajouté. Outre le thème des dédommagements aux victimes, restent à discuter la fin effective des hostilités et le processus de ratification d'un éventuel accord de paix global.

«Il faut aussi tenir en compte du fait que le thème du dépôt des armes et le cessez-le-feu bilatéral ne vont pas être simples», selon le chef de cette guérilla, la plus importante du pays avec 8.000 combattants.

«Nous avons insisté sur la nécessité d'établir un cessez-le-feu bilatéral, une chose que le gouvernement (de Juan Manuel) Santos rejette totalement», a-t-il critiqué.

Des pourparlers de paix entre le gouvernement colombien et les Farc sont en cours à Cuba depuis novembre 2012, mais sans cessez-le-feu sur le terrain.

La nouvelle phase des discussions, qui démarre mardi, vise à donner la parole aux victimes, alors que le conflit, auquel ont aussi pris part des milices paramilitaires - dissoutes en 2006 - et des agents de l'État, aurait fait en cinquante ans plusieurs centaines de milliers de morts et, au total, près de six millions de victimes.

Timochenko avait assuré vendredi de la «meilleure disposition» de la guérilla à donner des explications et assumer les conséquences de ses actes, se disant convaincu qu'«il est possible d'atteindre» un accord de paix, quelques jours après la mise en garde du président Santos, qui menaçait d'une rupture des négociations après plusieurs attaques.

«Notre intention est de ne pas quitter la table tant qu'il n'y aura pas d'accord définitif», a insisté lundi le dirigeant de la guérilla, qui ne participe pas lui-même aux négociations.