L'opposant radical vénézuélien Leopoldo Lopez, détenu depuis plus de trois mois dans les environs de Caracas, va être jugé pour «incitation à la violence» lors des manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro, a annoncé jeudi le parquet.

«La comparution de Leopoldo Lopez a été décidée en raison de sa responsabilité présumée dans les actes de violence du 12 février dernier, dans le centre de Caracas», a précisé le parquet dans un communiqué à l'issue d'une séance-marathon de délibérations entamée mercredi matin au palais de Justice.

M. Lopez, un des organisateurs de la première manifestation d'opposition à Caracas en février qui avait fait trois morts, devra répondre notamment de «délits d'incendie volontaire et dommages» et d'«association de malfaiteurs».

S'il est jugé coupable, il encourt une peine de dix ans de prison.

«Les preuves de la défense ont été passées sous silence et niées, de sorte que nous allons arriver au procès les mains liées, complètement empêchés de prouver» l'innocence de M. Lopez, a déclaré à une radio locale son avocat Juan Carlos Gutiérrez, qui estime que le procès pourrait se dérouler en août.

Économiste de 43 ans formé à Harvard, M. Lopez est le fondateur du parti Volonté Populaire (droite), représentant l'aile radicale de la coalition d'opposition au pouvoir «chaviste» de la Table de l'unité démocratique (MUD).

«Une fois de plus, justice n'a pas été rendue. Il est lamentable que le gouvernement corrompe si ouvertement la morale de ses fonctionnaires pour cacher la vérité!», a réagi sur Twitter son épouse Lilian Tintori.

«Je suis tranquille, fort, soutenu par la vérité. Toute décision qui n'est pas une remise en liberté est inconstitutionnelle», a déclaré l'accusé lors de l'audience mercredi, selon ses avocats.

Leopoldo Lopez est détenu depuis le 18 février. Il a prôné depuis son lieu de détention la poursuite des manifestations pour obtenir la chute de Nicolas Maduro, le successeur de Hugo Chavez à la tête du pays.

Le Venezuela a été le théâtre à partir du 4 février de manifestations parfois violentes d'étudiants et d'opposants contre l'insécurité, la mauvaise situation économique et les brutalités policières.

Le bilan des violences s'élève officiellement à 42 morts. Les manifestations ont décru en intensité ces dernières semaines pour devenir sporadiques.