Le vice-président argentin Amado Boudou a été convoqué par un juge d'instruction dans le cadre d'une enquête pour corruption, une première en Argentine pour le deuxième personnage de l'État, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Amado Boudou, qui clame son innocence, est soupçonné d'être intervenu en 2010 en faveur d'une entreprise au bord de la faillite, l'imprimerie Ciccone, qui détient le monopole de l'émission des billets de banque en Argentine, quand il était ministre de l'Économie (2009-2011).

Amado Boudou, vice-président depuis 2011 et dont le mandat s'achève fin 2015, devra se présenter devant le juge le 15 juillet, de même que cinq actionnaires de Ciccone.

Le juge argentin Ariel Lijo estime que M. Boudou «a tiré profit de sa condition de fonctionnaire public» pour éviter la faillite de Ciccone et a favorisé les actionnaires de la société, qui a ensuite été nationalisée.

Le magistrat ajoute que le vice-président argentin et d'autres personnes citées dans le dossier «auraient fait l'acquisition de l'entreprise Ciccone Calcografica lorsque M. Boudou était ministre de l'Économie (de l'ex-président Nestor Kirchner) par le biais de la société The Old Fund, avec pour but ultime de conclure un contrat avec l'État portant sur l'impression de billets et de documents officiels».

«Je jure et je soutiens que je n'ai commis aucun acte de corruption et je vais le démontrer quand je comparaîtrai devant le juge», a déclaré à Radio Continental Amado Boudou, écartant toute intention de démissionner.

Le vice-président accuse «certains secteurs» de vouloir s'en prendre à travers lui au gouvernement de Cristina Kirchner et les deux principaux journaux argentins, Clarin et La Nacion, d'orchestrer «une campagne médiatique» autour de l'affaire.

En février, Amado Boudou s'était spontanément présenté chez le magistrat qui venait de recevoir une demande de mise en examen de la part du procureur Jorge Di Lello pour «négociations incompatibles avec la fonction publique».

L'affaire Ciccone fait les gros titres des journaux argentins, surtout de ceux opposés à la présidente de centre gauche Cristina Kirchner.

Si le juge prononce la mise en examen d'Amado Boudou, ce sera une première en Argentine pour un vice-président en exercice.

Amado Boudou, 51 ans, d'origine française, a été provisoirement propulsé à la tête de l'État, à l'automne, pendant que la présidente Cristina Kirchner se rétablissait d'une opération au cerveau.

Une autre affaire de corruption présumée éclabousse cette fois un entrepreneur proche de Mme Kirchner. D'après l'édition de vendredi du quotidien La Nacion, la justice suisse a demandé des informations à la justice argentine sur la famille de l'homme d'affaires Lazaro Baez après le dépôt dans une banque suisse d'environ 22 millions de dollars par des sociétés liées à la famille Baez, en provenance du Panama.