Plusieurs milliers de personnes ont défilé mardi à Montevideo pour rendre hommage aux disparus de la dictature en Uruguay (1973-1985) en présence du président et ex-guérillero José Mujica.

Dans un silence religieux, comme il est de coutume chaque 20 mai sur la principale avenue de la capitale uruguayenne, les marcheurs se sont ensuite rassemblés pour répondre unanimement «présents» à l'énoncé du nom de plusieurs disparus.

Le président Mujica, ancien guérillero de gauche emprisonné sous la dictature et qui fêtait mardi ses 79 ans, s'est joint au cortège avec son épouse et présidente du Sénat Lucia Topolansky.

«L'État est responsable du silence, il y a aussi le silence des forces armées, les silences complices, les silences du pacte mafieux. Mais il y a aussi le silence des disparus», a déclaré à l'AFP Oscar Urtasun, porte-parole d'une association de familles de détenus disparus sous la dictature.

La «justice est mal faite (...) ceux qui font la justice sont injustes», s'est-il encore exclamé.

En février 2013, la Cour suprême de justice uruguayenne avait estimé inconstitutionnelle la loi de 2011 établissant l'imprescriptibilité des violations des droits de l'homme, jugeant notamment qu'elle violait le principe de non-rétroactivité.

Cette loi, portée par le gouvernement de gauche, visait à se conformer à une résolution de la Cour interaméricaine des droits de l'homme et à passer outre une autre loi dite de «caducité», adoptée en 1986 et confirmée deux fois par référendum en 1989 et 2009. Cette loi avait empêché tout procès jusqu'à l'arrivée de la gauche au pouvoir en 2005.

Selon la Commission pour la paix créée en 2000 par la présidence uruguayenne, la dictature dans ce pays enclavé entre l'Argentine et le Brésil a fait 231 disparus.