Le gouvernement et l'opposition vénézuéliens se sont accordés mardi pour dialoguer au plus vite en présence de «facilitateurs» de l'Unasur et du Vatican dans un pays secoué par plus de deux mois de protestations anti-gouvernementales qui ont fait 39 morts.

«Nous sommes parvenus à des accords» parmi lesquels le fait de discuter «face à tout le pays», a déclaré à la presse Guillermo Aveledo, secrétaire exécutif de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), à l'issue d'une «réunion exploratoire» avec le président Nicolas Maduro et ses collaborateurs sous l'égide d'une commission de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).

«Nous espérons que d'ici les prochaines heures commence déjà la réunion formelle, qui sera publique», a confirmé le vice-président du pays, Jorge Arreaza.

Pour «faciliter» ce dialogue, les parties se sont accordées pour désigner comme «observateur de bonne foi» les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de la Colombie et de l'Equateur ainsi qu'un représentant du Vatican, qui pourrait être le secrétaire d'Etat du Saint-Siège ou le nonce du Venezuela, selon M. Aveledo.

Cette «réunion exploratoire» arrachée par une commission de l'Unasur arrivée dimanche dans le pays avait débuté en milieu d'après-midi au siège de la chancellerie, à Caracas.

«Ceci n'est pas le début du dialogue, c'est une réunion exploratoire à laquelle nous assistons à l'invitation des ministres des Affaires étrangères sud-américains pour voir si les conditions sont réunies pour établir un dialogue», avait déclaré M. Aveledo à la presse à son arrivée à la réunion.

«Nous allons avoir des conversations autour de l'agenda que nous avons proposé au gouvernement, nous allons parler du témoin de bonne foi (qui devrait assister aux discussions ultérieures), qui doit être désigné conjointement. Nous allons parler, si ces conditions sont réunies, de dates possibles, de lieux et d'horaires pour la réunion», avait-il ajouté.

La veille, les ministres de l'Unasur avaient convaincu le président Maduro de s'asseoir mardi à la même table que l'opposition, mais celle-ci avait refusé de se prononcer, posant comme préalables un principe d'égalité entre les parties, un «ordre du jour clair», la retransmission des débats par la radio-télévision et la participation d'une tierce partie «de bonne foi», qui pourrait être un émissaire du Vatican.

A Washington, principal partenaire commercial du Venezuela malgré des relations diplomatiques extrêmement tendues, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, a fait part devant le Congrès de son «fort soutien aux efforts de médiation d'un tiers pour tenter de faire cesser la violence et de voir si on peut parvenir à établir un dialogue honnête».

Le président socialiste Nicolas Maduro, qui terminera la première année de son mandat le 19 avril, est confronté depuis plus de deux mois à une série de manifestations parfois violentes d'étudiants et d'opposants protestant contre l'insécurité, la mauvaise situation économique, les pénuries récurrentes et les brutalités policières.

Au moins trois représentants de l'opposition ont été emprisonnés ces dernières semaines.

Les violences survenues pendant ou en marge des manifestations ont officiellement fait 39 morts et plus de 600 blessés.

Le successeur du charismatique d'Hugo Chavez, mort en mars 2013, qualifie le mouvement de «tentative de coup d'Etat» et ses meneurs de «fascistes». Toutefois, il a plusieurs fois annoncé l'organisation d'un dialogue avec l'ensemble des parties en présence.

Mais ces tables rondes aux contours flous n'ont jamais abouti, l'opposition refusant de participer à ce qu'elle a qualifié de «farce» et de «monologue».

L'Unasur avait déjà dépêché une délégation à Caracas les 24 et 25 mars. A l'issue de sa mission, le principe d'un dialogue en présence d'un observateur neutre entre le pouvoir, l'opposition et des étudiants mécontents avait été accepté par toutes les parties.