Le président vénézuélien Nicolas Maduro, confronté depuis deux mois à des manifestations anti-gouvernementales, a annoncé lundi qu'il acceptait de rencontrer l'opposition à la demande de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), mais les opposants ont réservé leur réponse.

«Nous avons eu une conversation assez large. (Les ministres de l'Unasur) m'ont proposé de participer demain (mardi) à une réunion avec la délégation de l'opposition et j'ai accepté», a annoncé M. Maduro aux médias locaux après une réunion avec huit ministres des Affaires étrangères de l'Unasur réunis depuis dimanche à Caracas pour faciliter ce dialogue.

Une délégation de la principale coalition de l'opposition vénézuélienne, la Table de l'unité démocratique (MUD), a ensuite entamé en début de soirée des discussions avec les mêmes ministres dans un hôtel de Caracas. A l'issue de cette réunion, l'opposition a refusé de donner sa réponse, acceptant toutefois de retrouver mardi les ministres de l'Unasur. Dans une lettre adressée à ces ministres des Affaires étrangères, l'opposition réclame le respect de certaines conditions préalables, et notamment que les négociations avec le président Maduro se déroulent «à conditions égales», avec un «ordre du jour clair» et qu'elles soient retransmises par la radio-télévision.

Auparavant, après s'être entretenu pendant environ une heure avec les ministres au palais présidentiel de Miraflores, M. Maduro avait estimé que si ce dialogue se concrétisait, il constituerait «un grand message de paix, de démocratie, de notre pays envers l'ensemble de notre peuple».

«Pourvu que les dirigeants politiques de la MUD ne se dérobent pas et s'asseoient» à la table des pourparlers, avait-il exhorté.

Tierce partie et agenda clair 

Le président Maduro, qui bouclera sa première année de mandat le 19 avril, est confronté depuis le 4 février à une série de manifestations parfois violentes d'étudiants et d'opposants protestant contre l'insécurité, la mauvaise situation économique, les pénuries récurrentes et les brutalités policières.

Au moins trois opposants politiques au président Maduro ont été placés en détention ces dernières semaines. Ils sont notamment accusés d'avoir contribué aux violences dont le bilan s'élève officiellement à 39 morts et plus de 600 blessés depuis le début du mouvement.

Si l'intensité de la mobilisation a décru ces dernières semaines, des foyers épars de violence persistent dans plusieurs villes du pays. Ce week-end, des affrontements ont encore opposé jeunes manifestants radicaux et forces de l'ordre dans l'est de Caracas, un des fiefs de l'opposition.

Illustrant l'inquiétude de la communauté internationale face aux violences, l'Unasur avait déjà dépêché une mission à Caracas les 24 et 25 mars, à l'issue de laquelle le principe d'un dialogue en présence d'un observateur neutre entre le pouvoir, l'opposition et des étudiants mécontents avait été accepté par toutes les parties.

Lundi, la MUD a réitéré par la voix de son porte-parole «l'indispensable présence d'une tierce partie de bonne foi» à ce dialogue et avait déjà réclamé un «agenda clair» rendu public.

Le successeur du charismatique Hugo Chavez, décédé en mars 2013, a plusieurs fois qualifié le mouvement de protestations de «tentative de coup d'État» et ses meneurs de «fascistes». Toutefois, il a plusieurs fois annoncé l'organisation d'un dialogue avec l'ensemble des acteurs du pays.

Mais ces tables rondes aux contours flous n'ont jamais abouti, l'opposition refusant de participer à ce qu'elle a qualifié de «farce» et de «monologue».