Près de 20 000 Vénézuéliens ont manifesté dimanche à Caracas à l'appel d'étudiants qui protestent depuis près d'un mois, avec le soutien de l'opposition, contre la gestion du président Nicolas Maduro, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les manifestants, réunion une nouvelle fois pour dénoncer l'insécurité, le coût de la vie et les pénuries qui impactent le quotidien de nombreux Vénézuéliens, appelaient aussi dimanche à un «dialogue sincère» avec le président. Ils souhaitaient ainsi discuter des moyens de mettre un terme à un mouvement émaillé par des violences qui ont fait 18 morts et plus de 260 blessés depuis les premiers rassemblements le 4 février en province.

C'est «la lutte du peuple contre un gouvernement inefficace. Maduro, vous avez perdu les rues du Venezuela parce qu'aujourd'hui les rues appartiennent au peuple», a déclamé devant les manifestants Juan Requesens, un des chefs de file étudiants à l'origine de la manifestation.

«La crise dans le pays est si grave que nous revenons manifester pour montrer que le Vénézuélien veut vivre mieux», a confié Carolina Rodriguez, une institutrice de 26 ans, au milieu d'un cortège où, comme souvent, les tenues blanches et les drapeaux vénézuéliens étaient de mise.

Quatre marches ont convergé dimanche après-midi vers la Place Brion, dans le quartier de Chacaito (est), un des bastions de l'opposition. Chaque cortège protestait contre l'un des maux dénoncés par les manifestants: l'insécurité, l'impunité et les exactions policières, la crise économique et la censure des médias.

«Cette marche est l'expression d'un grand désaccord avec la crise dans le pays liée à l'insécurité, les pénuries et l'inflation. Ce sont des problèmes qui nous affectent tous (...) et le gouvernement devrait ouvrir un dialogue sincère et être enclin à prendre des mesures pour résoudre cela», a expliqué une autre manifestante, Lorena Gonzalez.

Les médias locaux ont fait état d'autres marches ayant réuni quelques milliers de personnes à San Cristobal, berceau du mouvement étudiant (nord-ouest), Barquisimeto, Valencia (nord) et Puerto Ordaz (est).

Ces manifestations se sont tenues au lendemain d'une soirée sans incidents entre jeunes et forces de l'ordre, pour la première fois depuis le début du mouvement de protestation.

Visé par le mouvement, le président Nicolas Maduro a lancé cette semaine un dialogue national, mais les meneurs du mouvement et les principaux opposants refusent de participer à ce qu'ils qualifient de «mascarade». Et ils exigent la libération de l'opposant Leopoldo Lopez, interpellé le 18 février pour «incitation à la violence».

Selon un décompte de l'ONG Forum pénal, au total 863 personnes ont été interpellées depuis le 9 février dans ce pays pétrolier. Une trentaine d'entre elles sont toujours sous les verrous.

Dimanche, le syndicat de la presse et Forum pénal ont annoncé la libération de la photographe italienne Francesca Commissari et de 41 manifestants arrêtés deux jours plus tôt en marge d'une marche de l'opposition qui avait été marquée par des affrontements avec les forces de l'ordre.