Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé dimanche qu'il lançait un dialogue national pour répondre à une vague de manifestations massives lors desquelles dix personnes ont été tuées.

«Il s'agit d'une conférence nationale de paix que je vais lancer mercredi prochain avec tous les courants sociaux, politiques, corporatistes, religieux», a déclaré M. Maduro devant une foule de partisans réunis à l'extérieur du palais présidentiel.

M. Maduro a indiqué qu'étaient notamment convoqués lundi pour des réunions préalables les gouverneurs de région, y compris ceux qui appartiennent à l'opposition, parmi lesquels Henrique Capriles, ancien candidat à l'élection présidentielle.

«Demain après-midi a lieu un conseil fédéral, c'est dans la Constitution, nous voulons sa retransmission sur une chaîne (de télévision) et que le pays voie et écoute la vérité», a écrit M. Capriles sur son compte Twitter, sans préciser s'il allait répondre présent.

Plus tôt dans la journée, des centaines de partisans du pouvoir, la plupart âgés, ont défilé à Caracas pour soutenir le président, confronté depuis près de trois semaines à des manifestations étudiantes au cours desquelles dix personnes ont été tuées.

Vêtus de rouge, couleur du chavisme (du nom du président défunt Hugo Chavez, prédécesseur et mentor de M. Maduro), brandissant des drapeaux du Venezuela et des pancartes soutenant M. Maduro et dénonçant la «violence fasciste», les manifestants se sont donné rendez-vous le matin sur la place Bolivar avant d'entamer à la mi-journée une marche qui les a menés au palais de Miraflores.

«Assez de la violence des jeunes, ceci est un pays de paix, nous voulons un avenir de paix», a déclaré à la presse Cristina Marcos, 60 ans, pendant la manifestation.

Les partisans de M. Maduro ont organisé des rassemblements quasi-quotidiens en réponse aux manifestations que l'opposition -- et surtout les étudiants -- a convoqué au cours des trois dernières semaines, et qui se sont soldées par la mort de 10 personnes, dont cinq par balle.

Les manifestations ont commencé le 4 février dans la ville de San Cristobal pour dénoncer l'insécurité.

Elles se sont ensuite étendues à d'autres villes et ouvertes à de nouvelles revendications sur les thèmes de la crise économique, la pénurie de nourriture et de produits de base et la répression policière.

Les manifestants réclament aussi la libération des personnes arrêtées à l'issue des rassemblements, notamment la figure de l'opposition Leopoldo Lopez, détenu dans une prison militaire depuis mardi et accusé d'incitation à la violence.

Le politologue et analyste John Magdaleno s'est dit «sceptique» vis-à-vis de l'appel au dialogue de dimanche parce que 15 années de chavisme ont démontré qu'«il n'y avait pas de possibilité» de rencontre entre les forces politiques.

«Le gouvernement est en train de réaliser les dommages occasionnés auprès de l'opinion publique nationale et internationale par l'intervention des forces de l'ordre, et avec ce dialogue cherche une sorte d'apaisement», a-t-il confié à l'AFP.

Samedi, des centaines de milliers d'opposants et de partisans du pouvoir se sont mobilisés dans le calme lors de marches pour la paix dans plusieurs villes du Venezuela.

Dans l'est huppé de Caracas, au moins 50 000 personnes ont répondu à l'appel du gouverneur et ancien candidat à l'élection présidentielle Henrique Capriles, principale figure de l'opposition, pour exiger le désarmement de groupes armés non identifiés mais accusés d'être proches du pouvoir, agissant en marge des manifestations, et contre la mauvaise situation économique.

Dans la soirée de samedi, des heurts ont opposé un groupe de manifestants aux forces de l'ordre, les secondes dispersant les premiers avec des gaz et des tirs de plomb de chasse, faisant 25 blessés.