L'opposition a infligé dimanche un camouflet à Rafael Correa en Equateur lors des élections locales, en remportant les trois principales villes et notamment Quito, dont le chef de l'État avait fait un enjeu personnel.

Des candidats de droite ont battu les représentants de la majorité présidentielle dans la capitale, ainsi que dans les localités de Guayaquil (sud-ouest) et Cuenca (sud), selon les trois sondages de sortie des urnes publiés par des instituts privés.

Ces résultats constituent le principal revers électoral enregistré par le président Correa, une des figures de la gauche en Amérique latine, qui était invaincu dans les urnes depuis son arrivée au pouvoir en 2007.

Réélu l'an dernier pour un dernier mandat de quatre ans, la Constitution empêchant une nouvelle candidature, M. Correa, en guerre ouverte avec les médias privés et les milieux d'affaires, était largement intervenu dans la campagne, affirmant que sa «révolution citoyenne» était «en jeu».

«Nous avons subi un important revers dans la capitale qu'il faudra analyser», a réagi M. Correa, avant même l'annonce officielle, lors d'une conférence de presse au siège du gouvernement.

Son parti, Alianza Pais, gouvernait jusqu'ici, seul ou avec des alliances, la majorité des 221 municipalités, dont la capitale. En revanche, la seconde ville, Guayaquil, un important port industriel et bastion de l'opposition, était détenue par la droite, tout comme Cuenca.

Dans la capitale, Mauricio Rodas, un jeune avocat de 39 ans, aurait largement devancé avec 58% des voix le maire sortant Augusto Barrera, qui a admis sa défaite, tandis qu'à Guayaquil Jaime Nebot a conservé son poste avec environ 60% des suffrages.

«Nous faisons pleinement face aux résultats qui nous sont attribués», a déclaré M. Barrera, qui a réagi aux côtés du chef de l'État, au siège d'Alianza Pais, dans le nord de Quito.

Son adversaire victorieux a salué le maire sortant pour avoir «reconnu démocratiquement» sa défaite, appelant à une «transition ordonnée» dans cette ville de 2,2 millions d'habitants.

Avant le scrutin, le président équatorien, qui jouit d'une forte popularité personnelle pour avoir impulsé des programmes sociaux et d'infrastructures, avait soutenu que la perte de la capitale ouvrirait une période d'instabilité, une crainte toujours vive dans ce pays qui a connu sept présidents en une décennie.

Dirigeant aux relations conflictuelles avec les États-Unis, il avait même opéré un parallèle avec la crise au Venezuela, dont il est un proche allié, en dénonçant «une opération de la droite nationale et internationale à Quito».

Outre les principales villes, M. Correa s'était particulièrement investi lors de la campagne dans les régions amazoniennes, où ses projets pétroliers et miniers suscitent une forte résistance de la part de communautés indigènes.

Selon les experts, le chef de l'État avait fait un pari risqué en transformant ce scrutin local en un vote de confiance pour son gouvernement. «Les victoires appartiennent à Correa, mais les défaites aussi, et cela peut l'affecter», a déclaré à l'AFP le politologue équatorien Simon Pachano.

Plus de 11 millions d'Equatoriens étaient appelés aux urnes lors de cette journée, durant laquelle aucun incident notable n'a été signalé par les autorités électorales, à l'exception de quelques problèmes de logistique dans certaines régions et de légères échauffourées dans la province d'Esmeraldas.