Des heurts ont éclaté mercredi à Brasilia entre policiers et Sans Terre qui manifestaient pour réclamer l'accélération de la réforme agraire, faisant plus de 40 blessés, 12 paysans et 30 policiers.

La marche du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) avait commencé dans le calme mais quand un groupe de manifestants s'est approché du palais présidentiel et a fait tomber des barrières de protection, la police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour les disperser, a constaté un photographe de l'AFP.

Douze paysans et 30 policiers, dont huit grièvement, ont été blessés, ont indiqué des porte-parole du MST et de la police à l'AFP. Jusqu'alors, les manifestations des sans terre à Brasilia avaient pourtant toujours été pacifiques.

Les incidents de mercredi interviennent dans un contexte de manifestations violentes de rues à Rio et Sao Paulo, deux autres des douze villes hôtes du Mondial, contre la hausse des prix des transports et la facture trop élevée de l'organisation de la Coupe du monde (du 12 juin au 13 juillet). Jeudi dernier à Rio, une manifestation a fait cinq blessés et un mort, un caméraman d'une chaîne de TV.

En juin dernier, en pleine Coupe des Confédérations, le pays avait été secoué par une fronde sociale pour les mêmes raisons. Depuis, les manifestations ont perdu en intensité mais se sont radicalisées. 

Heurts devant la Présidence

«Nous voulions nous montrer devant la Présidence. Nous avons monté des tentes comme celles de notre campement. Quand la police nous a vu sortir du matériel de l'autocar, elle nous a attaqués avec les gaz lacrymogènes et le reste», a déclaré le porte-parole des paysans.

La présidente Dilma Rousseff ne se trouvait pas dans le palais au moment des incidents qui ont rapidement été maîtrisés sur la Place des Trois Pouvoirs. Après les heurts, les manifestants se sont dirigés vers le Parlement.

A l'autre extrémité de la place, la Cour suprême a suspendu ses travaux pendant une heure face au grand nombre de manifestants.

«Il n'y a pas eu tentative d'invasion de l'immeuble de la Cour suprême mais face au grand nombre de manifestants, la sécurité a conseillé de suspendre» ses travaux, a dit à l'AFP un responsable de la plus haute instance judiciaire.

«Dilma +ruralista+» (NDLR: favorable à l'agrobusiness) ou «Le Brésil frappe son propre peuple», criaient les milliers de Sans Terre après les affrontements.

Peu avant la manifestation, 700 enfants du MST avaient occupé le rez-de chaussée du ministère de l'Education pour exiger «plus d'écoles» en zones rurales.

Le MST, qui commémore ses 30 ans d'existence cette semaine, tient un congrès à Brasilia qui doit réfléchir à la promotion d'un nouveau modèle de réforme agraire. Il dénonce la «paralysie» de la réforme agraire. Son dernier congrès remonte à 2007.

Né en 1984, à la fin de la dictature, le MST est devenu le principal mouvement social organisé du Brésil. Grâce au mouvement, quelque 350 000 familles ont obtenu des terres.

La stratégie du MST était jusqu'à peu d'occuper massivement les grandes fermes improductives pour forcer le gouvernement à distribuer des parcelles aux paysans pauvres.

Mais le monde rural a radicalement changé en 30 ans et le Brésil, pays des latifundiums improductifs, est devenu l'un des principaux producteurs et exportateurs d'aliments du monde.