Le conservateur Juan Orlando Hernandez, qui a prêté serment lundi comme président du Honduras, a prévenu que «la fête» était désormais «finie» pour les groupes criminels qui agissent quasi-impunément dans ce petit pays d'Amérique centrale.

Élu en novembre dernier sur la promesse de lutter d'une main de fer contre la criminalité avec l'aide de l'armée, M. Hernandez a assuré qu'il allait oeuvrer ces quatre prochaines années à «rétablir la paix et la tranquillité» au Honduras.

«La fête est finie pour les criminels», a-t-il prévenu après avoir prêté serment lors d'une cérémonie tenue au Stade national de Tegucigalpa devant quelque 30 000 personnes et une poignée de chefs d'État ayant fait le déplacement.

Le Honduras, qui pâtit de faibles institutions et d'une forte impunité, affiche le plus fort taux d'homicide de la planète (85,5 pour 100 000 habitants en 2012, soit environ 20 meurtres par jour). Cette violence est notamment due aux activités de groupes criminels très influents et des maras, gangs de jeunes dont les membres sont identifiables à leurs nombreux tatouages.

Celui qui se surnomme lui-même «JOH» s'est engagé lundi à infléchir ces alarmantes statistiques «dans les prochains mois» en augmentant la présence policière dans les rues et en menant des purges contre les magistrats et représentants de la force publique corrompus.

Au sujet du trafic de drogue, auquel sept homicides sur 10 sont liés, selon lui, dans son pays, M. Hernandez a demandé à son homologue Barack Obama et au Congrès américain de «reconnaître une responsabilité commune» sur le sujet, les États-Unis étant la première destination de la cocaïne transitant par l'Amérique centrale.

Sur l'autre volet phare de son programme, la lutte contre la pauvreté qui touche plus de 70 % des 8,4 millions de Honduriens, JOH a réitéré sa promesse d'aider les 800 000 familles les plus pauvres du pays à améliorer leurs conditions de logement. Dans ce pays essentiellement agricole, il a également rappelé qu'il soutiendrait les petits producteurs.

Enfin il s'est de nouveau engagé à créer des emplois pour tenter de juguler un taux de chômage qui avoisine les 40 % selon l'ONG Forum social de la dette extérieure.

M. Hernandez, 45 ans, a été élu à l'issue d'un scrutin contesté par le parti de Xiomara Castro, candidate de gauche et épouse de l'ex-président déchu Manuel Zelaya. Ce dernier avait finalement reconnu la défaite de son épouse après le rejet fin décembre d'un recours en annulation par la Cour suprême de justice.

Parlementaire, ancien président du Congrès, avocat et homme d'affaires prospère, il succède à Porfirio Lobo, issu lui aussi du Parti National (PN).

Son élection s'était déroulée sans heurt majeurs, mais dans un climat encore marqué par les fortes divisions nées du coup d'État mené en juin 2009 par des militaires alliés à la droite et au secteur des affaires qui avaient renversé Manuel Zelaya accusé d'avoir opéré un virage à gauche et de vouloir amender la Constitution pour se faire réélire.

Alors que M. Hernandez prêtait serment lundi, quelques milliers de partisans de l'opposition se sont réunis de l'autre côté de la ville pour protester contre le traitement qui leur est réservé depuis l'élection.

M. Zelaya a lui-même fustigé dans une déclaration à l'AFP ce qu'il considère comme des invectives répétées du nouveau président, selon lui «déterminé à détruire l'opposition».