Près de six millions de Colombiens sont actuellement considérés comme victimes du conflit armé qui secoue leur pays depuis un demi-siècle, a annoncé dimanche l'organisme public responsable de cette question.

«À la date du 10 décembre, nous avons dans notre registre des victimes 5 966 041 personnes, dont 5 millions ont subi un déplacement forcé», a déclaré Paula Gaviria, directrice de l'Unité d'attention et de réparation des victimes, dans un entretien à la radio colombienne RCN.

Le conflit colombien, qui a mêlé des guérillas, des milices paramilitaires et des gangs criminelles, a fait plusieurs centaines de milliers de morts, selon des chiffres officiels.

La principale rébellion, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), fondée en 1964 dans la foulée d'une insurrection paysanne, a ouvert depuis plus d'un an des négociations de paix avec les autorités. La réparation aux victimes constitue justement l'un des chapitres des pourparlers.

Cette guérilla marxiste, dont les effectifs sont officiellement estimés à 8000 combattants, serait à l'origine de 39 % de cas des victimes actuellement recensées, selon Mme Gavirira, même si de nombreux Colombiens ignorent souvent le groupe illégal dont ils ont pu être la cible.

Le gouvernement de Juan Manuel Santos, à l'initiative des négociations de paix avec les FARC, a déjà impulsé des lois en faveur des victimes, dont la législation dite de restitution des terres qui visent à rendre deux millions d'hectares saisis et quatre millions d'hectares laissés à l'abandon.

«Nous ne remettons pas seulement de l'argent aux victimes, nous construisons avec elle un plan pour les conseiller, afin que ces ressources soient utilisées de manière constructive», a ajouté la responsable de l'organisme public, estimant à dix ans la durée nécessaire pour indemniser l'ensemble de la population concernée.