Le parquet colombien a annoncé samedi l'ouverture d'une enquête préliminaire à propos de la destitution controversée du maire de Bogota, Gustavo Petro, une figure de la gauche, afin de déterminer s'il y avait eu un abus de pouvoir ou une sanction disproportionnée.

«Nous allons lancer une enquête préliminaire pour déterminer si la sanction a été ou non équitable et si le principe d'égalité a été violé», a déclaré à la presse le chef du parquet, Eduardo Montealegre.

Ex-guérillero de 53 ans reconverti en politique, le maire de Bogota a été démis de ses fonctions et déclaré inéligible pendant 15 ans à la suite d'une passation de marché jugée irrégulière par le «procureur général», Alejandro Ordoñez, un fonctionnaire chargé du contrôle de l'État et indépendant du pouvoir judiciaire.

Toutefois, M. Petro estime avoir été victime d'un complot visant à «saboter» l'actuel processus de paix avec la guérilla marxiste des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), auxquelles le «procureur général» est un opposant notoire.

Suite à l'émotion suscitée par la destitution du maire, qui a provoqué de nombreuses manifestations dans la capitale, le parquet a réclamé à M. Ordoñez de lui remettre le dossier complet l'ayant conduit à prendre cette sanction.

De son côté, le président colombien Juan Manuel Santos, qui a initié le processus de paix avec les Farc pour tenter de résoudre un conflit vieux de près d'un demi-siècle, a assuré vendredi que la situation de M. Petro serait «bientôt résolue» par «les voies institutionnelles».

Interrogé sur l'hypothèse d'un abus de pouvoir de la part du «procureur général», M. Montealegre a souligné que le chef de l'État avait dans ses mains «la clé» pour dénouer la polémique.

En attendant, le maire de Bogota, qui s'estime victime d'un «coup d'État», a déjà déposé un recours devant le tribunal administratif et prévu de saisir la Commission inter-américaine des droits de l'homme (CIDH).