Des milliers de partisans du maire de Bogota, Gustavo Petro, se sont à nouveau rassemblés mardi soir dans le centre de la capitale, au lendemain de sa destitution pour une passation de marché jugée irrégulière, tandis que l'élu a confirmé son intention de faire appel.

De nombreux étudiants et salariés du secteur public figuraient dans la foule, réunie sur la place Bolivar, la principale de la ville, près de la mairie mais aussi des principaux ministères, afin de défendre cet ex guérillero de 53 ans, devenu un symbole de la gauche.

Une centaine de sympathisants ont déjà passé la nuit de lundi sur la place Bolivar, où des tentes de campings ont été installées.

«Ce que nous avons gagné dans les urnes, nous allons le défendre dans les rues», a lancé à l'AFP Victor Hugo Silva, un habitant de 62 ans.

Reconverti dans la politique, M. Petro a été destitué et privé de fonctions publiques pendant 15 ans sur décision du procureur général, Alejandro Ordoñez, dont les services sont distincts du parquet. En Colombie, le procureur général, élu par le Sénat à la tête d'un organisme autonome, défend les intérêts civils de l'État.

«Le maire, en aucune de ses actions, n'a violé la Constitution et la loi», a déclaré à l'AFP son avocat, Julio Cesar Ortiz, en confirmant que ce dernier déposerait un recours contre cette décision.

L'avocat du maire de Bogota a accusé M. Ordoñez, réputé pour ses positions ultra conservatrices, d'avoir outrepassé ses fonctions en le sanctionnant pour avoir nui aux principes de la concurrence en retirant la concession de la collecte d'ordures à des entreprises privées au profit de la compagnie publique des eaux.

«Le décret sur les ordures est un décret légal, et en outre temporaire», a fait valoir M. Ortiz, qui dispose de trois jours pour faire appel auprès du procureur.  Le maire reste en poste si l'appel n'est pas considéré comme irrecevable.

Il peut également porter un recours devant le Conseil d'État, l'instance administrative suprême.

Le choix de la municipalité sur les déchets avait été fortement critiqué suite à des problèmes de fonctionnement du nouvel opérateur qui s'était traduit par un amoncellement d'ordures dans la capitale.

Toutefois, M. Petro présente sa destitution comme une tentative de «coup d'État» contre la gauche, et une atteinte au processus de paix mené par le gouvernement avec la guérilla marxiste des Forces révolutionnaires de Colombie (Farc) à propos duquel M. Ordoñez n'a jamais caché son hostilité.

Lui-même ancien membre du M-19 (Mouvement du 19 avril), une autre organisation de guérilla colombienne, dissoute en 1990, le maire a invité ses partisans à organiser chaque jour un rassemblement pacifique sur la principale place de la capitale.

Dans le centre de Bogota, des recycleurs ont manifesté à cheval, un animal utilisé pour collecter les déchets, défendant le projet de M. Petro de leur confier des véhicules pour améliorer leurs conditions de travail.

«Petro ne doit pas partir. C'est le seul qui se soit occupé de nous, les pauvres, et qui nous a aidé», a déclaré à l'AFP une manifestante de 49 ans, Misaelina Moreno.