Manuel Zelaya, ancien président du Honduras renversé par un coup d'État et mari de la candidate de gauche à la présidentielle de dimanche, Xiomara Castro, a affirmé lundi que son parti rejetait les résultats du scrutin, qui donnent pour l'instant la victoire à Juan Orlando Hernandez (droite).

«J'annonce que nous n'acceptons pas les résultats du Tribunal électoral (TSE)», a déclaré en conférence de presse M. Zelaya, fondateur du parti Liberté et Refondation (Libre) sous les couleurs duquel son épouse a fait campagne.

Lundi à la mi-journée, les autorités électorales n'avaient toujours pas proclamé de résultats définitifs. Des résultats partiels datant de la veille au soir et portant sur 54 % des bureaux de vote accordaient 34,27 % à M. Hernandez (Parti National, droite, au pouvoir) contre 28,67 % à Mme Castro. Six autres candidats étaient en lice pour ce scrutin présidentiel à un tour.

«Si cela est nécessaire, nous descendrons dans les rues défendre nos droits comme nous l'avons toujours fait», a averti Manuel Zelaya, dont le renversement en juin 2009 par un coup d'État militaire soutenu par la droite et le monde des affaires avait donné lieu à des mobilisations de masse.

«Le peuple a voté, maintenant, au travail», a de son côté déclaré M. Hernandez en conférence de presse. Âgé de 45 ans, il est l'actuel président du Congrès monocaméral.

L'élection de dimanche était vécue à la fois comme un moyen de panser les plaies nées du coup d'État, et comme une occasion historique d'alternance politique dans un pays dirigé par deux partis de droite (le Parti national et le Parti libéral) depuis plus d'un siècle.

«Nous avons vécu une fête historique. La fête civique s'est déroulée dans le calme», s'est félicité le président du TSE, soulignant «la participation massive» des électeurs, annoncée officiellement à 61%, un record dans ce pays où elle tourne plutôt généralement autour de 50%.

Division

Autre motif de satisfaction, la journée s'est déroulée sans incident majeur, dans le pays affichant le plus fort taux d'homicide de la planète (85,5 pour 100 000 habitants en 2012, soit environ 20 meurtres par jour).

Encadrés par 25 000 policiers et militaires chargés d'assurer la sécurité de l'élection, les Honduriens ont voté pour désigner le successeur du président Porfirio Lobo (Parti national), élu en 2009 dans la foulée du coup d'État au cours d'un scrutin alors boycotté par l'opposition de gauche.

Avant le vote, des analystes craignaient qu'un résultat serré ne soit porteur de contestations et de violences. Environ 800 observateurs étrangers ont été déployés pour garantir la transparence du scrutin.

Actuel président du Congrès, M. Hernandez, homme d'affaires prospère âgé de 45 ans, partisan du coup d'État de juin 2009 et parfois taxé d'autoritarisme, a fait campagne sur le thème de la sécurité, promettant de lutter d'une main ferme avec l'appui de l'armée contre une criminalité galopante.

Un message apparemment bien perçu par la population. «Le principal problème est la violence, causée par le chômage. Les gens se sont habitués à gagner de l'argent en tuant», confirmait dans la journée Pedro Garay, un économiste retraité de 72 ans, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.