Plusieurs centaines de manifestants d'opposition se sont rassemblés samedi dans le centre de Caracas, dans un climat marqué par l'interpellation d'un collaborateur du chef de l'opposition vénézuélienne, Henrique Capriles.

Les manifestants, en majorité des jeunes de la classe moyenne, ont répondu à l'appel de l'Unité démocratique (MUD) pour protester contre l'octroi au président Nicolas Maduro de pouvoirs spéciaux qui lui permettent de gouverner par décret pendant un an.

Ce dernier a justifié cette prérogative, votée mardi par le parlement, par la nécessité de lutter contre la corruption et une inflation qui atteint 54% en rythme annuel.

Les manifestations de samedi se déroulent à deux semaines des élections municipales, considérées comme un scrutin test pour juger la gestion de M. Maduro, proche de l'ancien président Hugo Chavez.

«Le chaos que nous voyons (dans le pays) va augmenter si le pouvoir en place gagne les élections municipales» du 8 décembre, a mis en garde le dirigeant de l'opposition, Henrique Capriles, en s'adressant aux manifestants rassemblés sur une place du centre de Caracas.

«Très peu de gens sont sortis» dans la rue pour manifester contre le gouvernement «c'est de pire en pire» pour l'opposition, s'est gaussé le président Maduro, en assurant que le pouvoir avait réussi à déjouer une provocation destinée à déchaîner des violences à l'occasion des manifestations convoquées à travers le pays.

Sur son compte Twitter, M. Capriles avait appelé à manifester «pour qu'on entende dans tout le Venezuela un +non+ aux fascistes corrompus du régime Maduro».

«J'avais voté pour Chavez, mais je m'en repens. Ils voudraient nous tenir comme à Cuba, ce n'est pas juste. Il faut une semaine pour faire les courses», a dit à l'AFP Morela Pena, une employée de bureau âgée de 57 ans, dénonçant le manque de produits de base tels que la farine ou le sucre.

Les autorités tentent depuis deux semaines de faire baisser les prix en procédant à des contrôles dans les magasins et en dénonçant la «spéculation» et la «bourgeoisie parasitaire».

Par ailleurs, M. Capriles a révélé qu'un de ses collaborateurs, Alejandro Silva, a été interpellé samedi matin dans un hôtel de Caracas. Il a rappelé que le président Nicolas Maduro avait annoncé vendredi que l'on recherchait deux personnes soupçonnées de vouloir provoquer des troubles lors des manifestations de samedi.

«Je te tiens responsable, @nicolasmaduro de ce qui arrivera» à Alejandro Silva, a écrit M. Capriles sur son compte Twitter. «Nous n'avons pas peur», scandaient de leur côté les manifestants.

Une avocate de l'opposition, députée au Parlement Latinoaméricain, Delsa Solorzano, a déclaré ensuite que M. Silva était détenu dans les locaux de la Direction du renseignement militaire (DIM), qu'il «allait bien et avait bon moral».

Contrairement à la tradition, le parti au pouvoir n'a pas organisé ses propres manifestations. M. Maduro a déclaré que ceux qui veulent dire non «aux spéculateurs», ont toute la liberté de descendre dans la rue.

Lors de la présidentielle du 14 avril, consécutive au décès de Hugo Chavez en mars, Maduro, son dauphin, n'a battu Capriles que de 1,49% des voix.