Michelle Bachelet devrait remporter par une forte marge l'élection présidentielle de dimanche au Chili et possiblement éviter un second tour, surfant sur une vague d'espoir qui a fait descendre dans les rues des millions de Chiliens réclamant des changements sur le plan social.

L'ex-prisonnière politique âgée de 62 ans a adopté les revendications des protestataires exigeant une réforme de l'éducation, une meilleure protection de l'environnement, et une réduction des grandes disparités de revenus entre les plus riches et les moins bien nantis. Mme Bachelet a entre autres promis de hausser l'impôt des sociétés pour aider à financer une réforme de l'éducation, renforcer les syndicats et améliorer le réseau de la santé et les services publics.

La campagne prenait fin jeudi, avant que les électeurs ne soient aussi appelés à choisir les 120 députés de la Chambre basse du Congrès nationale ainsi que 20 des 38 sénateurs. Être élue pour un deuxième mandat de quatre ans en tant que première et seule femme à occuper la présidence du Chili pourrait toutefois s'avérer être la partie la plus facile pour Mme Bachelet.

Il sera beaucoup plus difficile, prévoient des analystes, de faire adopter sa vision par le Congrès, où un groupe de la droite, hostile, devrait bloquer d'importants changements législatifs.

Avec une très forte avance dans les sondages, Mme Bachelet s'affaire déjà à réduire les attentes, revoyant à la baisse des propositions consistant à réécrire la Constitution et à légaliser le mariage homosexuel. La candidate a par ailleurs récemment mis en garde les électeurs de ne pas s'attendre à des changements immédiats, affirmant que «les gens comprenaient que les gouvernements ne peuvent pas entraîner des résultats importants en deux jours».

Cette retenue pourrait lui coûter cher au sein de sa base électorale, particulièrement chez les protestataires qui ont appuyé sa candidature, tout en assurant vouloir la talonner sur ses engagements.

Mme Bachelet est créditée de 47% des intentions de vote. Malgré la marge d'erreur, elle pourrait aller chercher les 50% plus un vote nécessaires pour éviter un deuxième tour qui aurait lieu le 15 décembre.

Sa plus proche opposante, la conservatrice Evelyn Matthei, n'a obtenu que 14 % d'appui lors d'un coup de sonde effectué en octobre, le dernier sondage mené dans ce pays de 17 millions d'habitants. Sept autres candidats ferment la marche, se partageant le reste des intentions de vote.