La dépouille de l'ancien président du Brésil Joao Goulart (1961-1964) a été exhumée mercredi pour déterminer s'il a été empoisonné dans le cadre du plan Condor, un programme de répression des opposants mis en place par les dictatures latino-américaines des années 70 et 80.

Un photographe de l'AFP a constaté que l'opération s'est déroulée sous forte protection policière dans le cimetière de Sao Borja, une ville à 600 km de Porto Alegre dans l'État  de Rio Grande do Sul (sud) à la frontière avec l'Argentine.

C'est la ville où «Jango» (le surnom de l'ex-président), est né et où repose actuellement sa dépouille dans le mausolée familial.

En raison de la chaleur, l'exhumation a commencé à 6h00 du matin en présence d'experts argentins et uruguayens : deux choisis par la famille et deux autres par le Parquet fédéral du Rio Grande do Sul. Un cinquième expert de la Commission internationale de la Croix Rouge est là comme observateur.

M. Goulart a été renversé par un coup d'État militaire en 1964 et est décédé officiellement d'un arrêt cardiaque en Argentine, en 1976, année de la mise en place d'un régime militaire dans ce pays.

L'exhumation est réclamée par les proches de l'ancien président.

Outre les proches de Goulart, le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, la ministre des Droits de l'Homme, Maria do Rosario et le gouverneur du Rio Grande do Sul, Tarso Genro, ont assisté à l'opération.

«C'est un moment historique. Tout pays démocratique doit sauvegarder la vérité», a dit M. Cardozo à la presse.

«Il y a bon nombre de documents qui rapportent une tentative d'assassinat contre Jango. Il était surveillé et des agents secrets sont entrés dans sa maison. S'ils sont entrés voler une lettre ou des documents, ils pourraient avoir mis du poison dans un médicament ou dans sa nourriture», a indiqué récemment à l'AFP une porte-parole de la Commission nationale de la vérité (CNV), chargée d'enquêter sur les crimes de la dictature brésilienne (1964-1985).

L'expertise devait permettre d'essayer de savoir si M. Goulart est mort suite à un échange des médicaments qu'il prenait pour le coeur, comme l'affirme l'ancien agent (du renseignement) uruguayen Mario Barreiro Neira, détenu au Brésil.

La dépouille de Jango sera transportée jeudi à Brasilia pour y recevoir les honneurs d'un chef d'État qu'il n'a pas reçus il y a 37 ans en présence notamment de la présidente Dilma Rousseff.

Photo JEFFERSON BERNARDES, AFP

Le cimetière de Sao Borja.