Le parquet de l'État brésilien de Rio a mis en examen quinze nouveaux policiers impliqués dans l'enlèvement, la torture et le meurtre d'un habitant d'une favela, portant à 25 le nombre d'agents inculpés dans cette affaire.

Les procureurs, cités par la presse locale mardi, ont raconté en détail les tortures endurées par la victime, le maçon Amarildo de Souza, 47 ans, dans la favela de la  Rocinha, le 14 juillet dernier.

Marié et père de famille, M. Souza avait disparu ce jour-là après avoir été interpellé et conduit au poste de l'Unité de police pacificatrice (UPP) de la favela. Son corps n'a jamais été retrouvé. Les policiers cherchaient à savoir où des trafiquants de drogue cachaient leurs armes.

Le 2 octobre dernier, 10 policiers dont le propre commandant de l'UPP, le major Edson Santos, avaient déjà été mis en examen et écroués sous les accusations d'enlèvement, torture, meurtre et occultation de cadavre.

Située au coeur des quartiers les plus riches de la ville, bastion des narcotrafiquants et zone de non-droit pendant 30 ans, la Rocinha - la plus grande favela de Rio - a été reconquise fin 2011 lors d'une opération qui a mobilisé des centaines de policiers et de soldats appuyés par des hélicoptères et des blindés.

Après cette opération, une unité de police pacificatrice avait été installée dans la favela pour assurer la tranquillité des habitants, selon les autorités.

Le parquet a promis mardi «une punition exemplaire» pour les coupables.

«Le ministère public considère comme un fait gravissime la torture et la mort dans une favela qui était depuis des années sous le joug des trafiquants et (qui) via l'UPP avait la chance de récupérer sa dignité. L'acte mérite une punition exemplaire», a déclaré la procureure Carmen Eliza Bastos citée par O Dia.

Selon elle, à partir des témoignages lundi de cinq policiers, il a été possible de reconstituer le meurtre brutal d'Amarildo de Souza et de mettre en examen 15 nouveaux suspects dont trois ont été écroués, accusés d'avoir été les tortionnaires directs.

Ils ont démonté la version donnée par le commandant de l'UPP, selon laquelle M. Souza avait été enlevé et assassiné par des trafiquants.

En réalité, il a été torturé dans les locaux de l'UPP (tête plongée dans l'eau, asphyxie dans un sac en plastique et chocs avec des pistolets électriques Taser). S'apercevant qu'il était mort, les policiers ont fait disparaître le corps.

Les 25 policiers sont tous accusés de torture - dont huit par omission -, 17 d'occultation de cadavres, et 13 de formation de bande armée. Les peines de prison encourues varient de 9 à 33 ans de détention.