La présidente argentine Cristina Kirchner va être opérée mardi d'un hématome, consécutif à un traumatisme crânien, détecté samedi, alors que le pays s'apprête à voter le 27 octobre pour renouveler une partie du Parlement.

Dans un premier temps, les médecins avaient prescrit à Mme Kirchner 30 jours de repos. De nouveaux examens réalisés lundi ont convaincu le corps médical qu'une opération était urgente.

Samedi soir, le porte-parole de la présidence avait annoncé que Mme Kirchner avait subi le 12 août un traumatisme crânien après une chute et qu'un hématome était apparu a posteriori, sans donner plus de précisions.

«La présidente a ressenti dimanche des fourmillements dans son bras gauche (...) constatant une perte de force musculaire brève et temporaire dans ce membre. Une intervention chirurgicale consistant à drainer l'hématome est indiquée», dit le texte publié par la Fondation Favaloro, hôpital privé réputé où Mme Kirchner a été admise lundi à la mi-journée.

Cette alerte médicale survient trois semaines avant les élections législatives partielles du 27 octobre, alors que les sondages donnent son parti en grande difficulté et susceptible de perdre la majorité au Parlement.

Après la chute du 12 août, Mme Kirchner avait poursuivi ses activités présidentielles, entamant une tournée trois jours plus tard qui l'avait conduite au Paraguay, à Saint-Pétersbourg (Russie) et à New York pour l'assemblée générale des Nations unies, sans éveiller de soupçons sur son état de santé.

Mme Kirchner, âgée de 60 ans, élue en 2007 et réélue en 2011 pour un ultime mandat de quatre ans, était restée dimanche au repos dans la résidence présidentielle, située dans le quartier chic d'Olivos, au nord de la capitale argentine, entourée de son fils Maximo et de ses plus proches collaborateurs.

Le vice-président Amado Boudou devrait assurer l'intérim.

En janvier 2002, M. Boudou avait déjà assuré un intérim de 20 jours quand la présidente avait été opérée de la thyroïde après avoir été soupçonnée d'être atteinte d'un cancer, trois mois après sa réélection.

Lundi en fin de matinée, Amado Boudou a remplacé Mme Kirchner pour un acte officiel au palais présidentiel. Dans un discours, il a indiqué que l'équipe de la présidente allait poursuivre la gestion des affaires, sans évoquer alors l'intérim.

L'image d'Amado Boudou, 50 ans, vice-président depuis 2011 et ministre de l'Économie de 2009 à 2011, a récemment été écornée. Un magistrat le soupçonne de trafic d'influence et a ouvert une enquête judiciaire qui n'a pas encore abouti.

L'état de santé de la présidente a mis en suspens la campagne électorale pour les législatives de mi-mandat, une aubaine pour le Front pour la victoire (FPV) de Mme Kirchner, que les sondages donnent battu dans de nombreuses provinces.

La présidente, une péroniste de centre gauche, espère conserver le contrôle du Parlement pour mener à bien son second mandat de quatre ans à la tête de l'Argentine, qui s'achève en 2015.

Opération simple

«Cela ne semble pas grave. Tout acte de neurochirurgie comporte des risques, mais c'est une opération simple. Il existe différentes techniques : une perforation (de l'os crânien) pour évacuer la collection ou une ouverture de la calotte crânienne qui permet un meilleur diagnostic et un meilleur traitement», a dit à l'AFP le chirurgien argentin Carlos Schwartz.

Cependant les milieux économiques étaient dans l'expectative. Figure du patronat, José Ignacio de Mendiguren avait déclaré espérer davantage de clarté : «Nous attendons d'avoir les informations adéquates. Il n'y a pas eu d'information précise; cela contribuerait à l'apaisement.»

Depuis samedi, sur les plateaux de télévision, à la radio et dans les journaux, des médecins analysaient les maigres informations communiquées par la présidence.

Le quotidien d'opposition La Nacion a indiqué que la chute de la présidente serait survenue sur l'escalier d'accès à l'avion présidentiel Tango 1.

Vendredi, la dernière apparition publique de Cristina Kirchner à l'occasion de l'inauguration d'un hôpital, n'avait donné lieu à aucun commentaire sur son état de santé.

Cristina Kirchner a succédé en 2007 à son mari Nestor Kirchner, mort en 2010 d'une crise cardiaque.