Des milliers de touristes piégés à Acapulco tentaient mercredi de quitter la station balnéaire par avion tandis que de nouvelles tempêtes menacent un Mexique dévasté par des pluies torrentielles depuis samedi.

Selon un dernier bilan officiel, au moins 60 personnes sont mortes au Mexique depuis que de violentes tempêtes ont frappé simultanément les côtes Pacifique et Atlantique, une situation météorologique sans précédent depuis 55 ans, déclenchant inondations glissements de terrain dans la plus grande partie du pays.

Le coordinateur national de la protection civile, Luis Felipe Puente, a souligné mercredi le caractère provisoire du bilan des morts. Il a indiqué aussi que quelque 220 000 personnes et 35 000 habitations avaient été affectées par les intempéries.

Alors que les autorités nationales et locales tentent de dégager les routes bloquées et de porter secours aux populations, les prévisions faisaient état mercredi de la formation d'un nouveau cyclone sur la côte est, alors que la tempête tropicale Manuel reprenait de la vigueur au large de la Basse-Californie, sur le littoral pacifique.

À Acapulco, dont les voies terrestres de sortie sont bloquées au moins jusqu'à vendredi, les problèmes d'approvisionnement ont aggravé le chaos: des milliers de personnes ont pillé mardi un centre commercial inondé, en ressortant avec de la nourriture, des téléviseurs ou des réfrigérateurs.

«Malheureusement, il y a du désespoir, mais des renforts de l'armée et de la marine sont arrivés», a indiqué le maire de la ville Luis Walton. «Nous demandons aux gens de rester calme», a-t-il exhorté.

Les cieux se sont finalement dégagés dans la célèbre station balnéaire de la côte pacifique, mais les intempéries ont cédé la place à une forte chaleur, rendant encore plus difficile la situation à l'aéroport, dans les files d'attente de touristes mexicains et étrangers qui attendent d'embarquer pour des vols vers la capitale.

Des tentatives de resquille ont provoqué des accès de colère et des bousculades, tandis que les militaires fournissent de l'eau aux touristes accablés par la chaleur. La grogne a encore grandi quand se sont formées des files plus courtes de touristes argentés qui ont pu réserver des jets privés.

«Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, pas de vêtements»

«Je demande au gouvernement, puisque nous payons tous des impôts, que nous soyons tous traités de la même manière parce dans cette tragédie, la richesse et la pauvreté sont égales», a lancé à l'AFP Leonor Carretto, une infirmière de 45 ans, transportant une petite fille fiévreuse dans ses bras.

«Qu'ils montrent que nous sommes égaux et qu'ils laissent les rois cuire sous le soleil pendant seulement une heure. Nous sommes là depuis 16 heures et eux arrivent et partent immédiatement», a-t-elle encore fulminé.

Quelque 40 000 touristes mexicains et étrangers ont été piégés à Acapulco par la tempête Manuel. Quelque 5000 d'entre eux ont pu quitter la ville grâce au pont aérien, commercial et militaire, organisé par les autorités mardi. Les avions arrivent chargés de vivres et repartent remplis de passagers.

Les 26 décès, dont ceux de sept mineurs, qu'a enregistrés la ville sont survenus dans les zones périphériques d'Acapulco, théâtres de glissements de terrain, d'effondrements de maisons ou de crues, selon la municipalité.

Plus de 1000 habitants de ces zones, réfugiés sur les toits, ont été secourus par hélicoptère. Mercredi, ce qui inquiétait le plus était le manque d'eau et de nourriture dans les magasins locaux.

«Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, pas de vêtements, personne n'est venu nous tirer de là. Où est la protection des autorités?», s'indignait notamment America, une jeune femme de 28 ans.

Pourtant l'armée a déjà acheminé 60 tonnes de nourriture et 8000 litres d'eau à Acapulco, a indiqué mercredi le ministre de la Défense, Salvador Cienfuegos.

Acapulco, qui n'est plus depuis des années la destination favorite des vedettes d'Hollywood, a quelque peu perdu de sa superbe et est parallèlement devenue une des villes les plus touchées par la violence des narcotrafiquants. Mais les vacanciers continuent de s'y rendre.

Ces derniers jours, il s'y maintenait une vie nocturne malgré la catastrophe et on continuait de manger, de boire et d'écouter de la musique à plein volume dans ses nombreux bars.