Le gouvernement hondurien a annoncé vendredi qu'il allait céder 654 000 hectares, soit près de 6 % du territoire de ce petit pays, à des communautés indiennes de l'est du pays.

«Nous allons inscrire au registre des propriétés de La Ceiba (sur la côte caraïbe) 654 496 hectares aux noms de 4173 familles, composées de 21 851 villageois», a annoncé à l'AFP un responsable de l'Institut national agraire (INA), Reynaldo Vega.

«L'idée est que (les Indiens misquitos de cette région) exercent davantage de souveraineté» sur leurs terres ancestrales, a ajouté le responsable, précisant que les titres de propriété appartiendraient aux communautés et non aux personnes.

Ces titres fonciers, a-t-il encore précisé, seront «indivisibles, imprescriptibles, inaliénables et non négociables».

Les terres, situées sur la pointe nord-est du pays appelé Cap de Gracias A Dios, s'ajoutent aux 107 317 hectares déjà donnés par le gouvernement aux Indiens misquitos en 2012.

Selon le gouvernement, ces communautés se verront ainsi mieux armées pour répondre aux menaces contre leur milieu naturel. Mais plusieurs représentants des misquitos soupçonnent les autorités de vouloir ainsi les amadouer en vue d'exploiter le pétrole dans la région.

«Quelle coïncidence! Ils remettent ces titres au moment où se prépare une consultation du peuple misquito sur les explorations pétrolières de la compagnie britannique British Gas Grup», a commenté à l'AFP la directrice du Conseil de coordination des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH), Bertha Caceres.

«Il faudra s'assurer que tout cela n'est pas conditionné par (l'exploitation) pétrolière et à l'installation de bases américaines de lutte contre le trafic de drogue», a-t-elle ajouté.

Reynaldo Vega a assuré à l'AFP que la remise de ces titres fonciers n'était accompagnée d'aucune condition.

En mai dernier, le gouvernement a signé avec BG International Limited un accord pour l'exploration pétrolière près des côtes caraïbes. Les communautés du Cap de Gracias a Dios doivent être consultées sur cette question à partir du 18 septembre.

De même, le Cap de Gracias A Dios abrite une forte présence de militaires américains et d'éléments de l'agence antidrogue américaine DEA, qui mènent avec les forces de sécurité honduriennes des opérations conjointes pour contrer le transit par ce pays de la cocaïne venue d'Amérique du Sud et destinée au marché américain.

La remise de ces terres vient accomplir un engagement pris par le Honduras en 1859. Cette année-là, l'Angleterre avait remis le protectorat colonial de la Mosquitia (département actuel de Gracias a Dios) au Honduras, qui s'était alors engagé à le restituer à terme aux indigènes misquitos.