Un tribunal colombien a condamné cinq militaires à dix-neuf ans de prison pour avoir participé avec des milices d'extrême droite à des exécutions extrajudiciaires, a annoncé lundi le parquet.

Deux colonels et trois sous-officiers ont été reconnu coupables de complicité dans le massacre d'au moins vingt personnes, avec l'aide de ces milices, fondées dans les années 80 pour combattre les guérillas d'extrême gauche et officiellement démobilisées depuis sept ans.

Les exactions des militaires avaient été dénoncées par un soldat qui a raconté à la justice comment ses supérieurs coopéraient avec les chefs des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), la principale milice à l'époque qui comptait plus de 30 000 combattants.

L'un des colonels avait notamment formé un commando d'élite dans la région de Valledupar (nord), qui présentait de manière fausse ses victimes comme des guérilleros tués lors d'affrontements.

«À chaque fois que le groupe revenait avec des cadavres, il affirmait qu'il s'agissait de membres de groupes armées morts au combat», a précisé le parquet. Dans certains cas, les personnes décédées étaient en réalité des paramilitaires, exécutés en complicité avec les AUC.

Mais cette pratique dite des «faux positifs» a surtout concerné des civils en Colombie. L'objectif de ces militaires était d'obtenir des récompenses ou des promotions en gonflant les chiffres des guérilleros abattus.

Quelque 3000 cas d'exécutions extrajudiciaires commise au cours de la dernière décennie font l'objet d'une enquête judiciaire.

En près d'un demi-siècle, le conflit interne, qui opposé l'armée à des guérillas comme celles des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), des milices paramilitaires mais aussi des bandes criminelles, a fait plusieurs centaines de milliers de morts et plus de 4 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.