Le ministre des Affaires étrangères brésilien Antonio Patriota a été remercié lundi par la présidente Dilma Rousseff après un incident diplomatique provoqué par la fuite d'un opposant bolivien qui était réfugié à l'ambassade du Brésil à La Paz.

«La présidente Dilma Rousseff a accepté la démission du ministre Patriota, qui sera remplacé par Luiz Alberto Figueiredo, actuel représentant du Brésil à l'ONU», a déclaré une porte-parole du gouvernement à l'AFP.

Mme Rousseff a «remercié» M. Patriota, 59 ans, «pour son engagement depuis plus de deux ans dans ses fonctions et annoncé sa nomination à la Mission du Brésil auprès de l'ONU», a indiqué la présidence dans un communiqué.

Cette annonce a été faite à la suite d'une réunion lundi soir entre M. Patriota et la présidente Dilma Rousseff.

Selon le site d'information G1, Mme Rousseff a été «contrariée» par le fait qu'elle-même et son ministre n'auraient appris la fuite de l'opposant bolivien Roger Pinto Molina qu'une fois ce dernier arrivé sur le territoire brésilien.

Un diplomate brésilien accrédité en Bolivie a reconnu lundi avoir organisé, pour des raisons humanitaires, la fuite du sénateur Pinto, réfugié dans la représentation diplomatique brésilienne de La Paz depuis 455 jours, ce qui a déclenché la désapprobation de la Bolivie.

«J'ai choisi la vie. J'ai choisi de protéger une personne, un persécuté politique», a déclaré ce diplomate, Eduardo Saboia à la chaîne brésilienne TV Globo, au lendemain de l'arrivée de Roger Pinto à Brasilia. Le diplomate a assuré avoir agi de son propre chef.

Le sénateur bolivien, qui restait bloqué dans la représentation brésilienne faute de sauf-conduit accordé par La Paz, a quitté la capitale bolivienne à bord d'un véhicule de l'ambassade, escorté par une autre voiture avec à son bord des militaires brésiliens.

Au terme d'un voyage de 1600 kilomètres, le mini-cortège a gagné la ville frontalière brésilienne de Corumba (État du Mato Grosso do Sul, ouest), où l'opposant a ensuite pris un vol pour Brasilia, a expliqué le diplomate.

«Il existait un risque imminent pour la vie et la dignité du sénateur», a encore justifié M. Saboia, expliquant que la santé et le moral de l'opposant s'étaient sérieusement détériorés ces dernières semaines.

Arrivé lundi à Brasilia, le diplomate a indiqué avoir été rappelé par son ministère de tutelle pour s'expliquer.

À La Paz, le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca a exprimé la «profonde préoccupation» de son pays face à cette «violation des mécanismes de coopération» des deux pays qui marque selon lui un «mauvais précédent».

«Le sénateur Pinto ne pouvait sortir du pays sans sauf-conduit sous aucun prétexte», a-t-il fustigé.

Dimanche soir, la ministre de la Communication Amanda Davila avait simplement demandé «des informations» aux autorités brésiliennes, tout en assurant que cette affaire «n'affectait pas les relations» entre les deux pays.

Le sénateur du parti Convergence Nationale (CN, droite) s'était réfugié le 28 mai 2012 à l'ambassade du Brésil à La Paz, où il avait déposé une demande d'asile après s'être plaint de «persécutions» politiques du gouvernement, dont il accuse plusieurs proches d'être liés à des trafiquants de drogue.

M. Pinto affirmait alors faire l'objet de «20 procès» pour divers motifs paralysant selon lui ses activités politiques. Il avait même été condamné par la justice à un an de prison pour détournements de fonds alors qu'il était gouverneur de la province de Pando (nord).

M. Patriota avait été nommé à la tête de la diplomatie brésilienne au début du mandat de Dilma Rousseff en 2010. Il avait auparavant été ambassadeur du Brésil à Washington, entre 2007 et 2009.

Son successeur, Luiz Alberto Figuerido Machado, âgé de 58 ans, a intégré le ministère des Affaires étrangères en 1980. Il a représenté le Brésil à plusieurs réunions internationales sur le changement climatique. Il a notamment dirigé les négociations du Sommet Rio+20 sur le développement durable en juin 2012.