La principale organisation représentant les peuples indigènes d'Équateur a demandé vendredi que soit organisée une consultation populaire sur la question de l'exploitation pétrolière d'une réserve demandée jeudi par le président Rafael Correa.

«Ici on consulte tous les Équatoriens sur les corridas (en 2011, ndlr), pourquoi ne pas consulter sur ce sujet qui est d'une importance énorme et qui mettra en danger la vie (des indigènes) isolée et de la considérable biodiversité de la réserve?», a demandé à l'AFP Humberto Cholango, président de la Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur (CONAIE).

Jeudi soir, Rafael Correa a demandé à l'Assemblée nationale (Parlement unicaméral) l'autorisation d'exploiter le pétrole à Yasuni, une importante réserve écologique d'Amazonie, après avoir constaté l'échec d'un appel de fonds international pour éviter l'extraction de réserves de 920 millions de barils de pétrole, représentant 20 % des réserves de l'Équateur, le plus petit pays membre de l'OPEP.

«Si le gouvernement veut lancer l'exploitation, qu'il ouvre une consultation populaire et que le peuple soit celui qui décide, au lieu de la seule Assemblée nationale», a exhorté M. Cholango.

En 2007, M. Correa avait proposé à l'ONU de ne pas exploiter le bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT) en échange d'une compensation internationale de 3,6 milliards de dollars sur 12 ans à titre de contribution pour la lutte contre le réchauffement climatique et pour éviter l'émission de 400 millions de tonnes de CO2, responsables des gaz à effet de serre.

Mais ces dernières années l'Équateur n'a obtenu qu'à peine 13,3 millions de dollars, soit 0,37 % des fonds attendus, selon M. Correa.

Le bloc ITT est déjà exploité depuis plusieurs décennies à Yasuni, mais dans des zones non protégées. Les défenseurs de l'environnement et les organisations indigènes estiment que l'impact écologique s'y fait déjà suffisamment sentir.

Le parc, limitrophe du Pérou, est une forêt tropicale humide qui a servi de refuge pour les animaux durant l'ère glaciaire. Il recèle actuellement un dixième des espèces de la planète, en raison de sa localisation entre l'Amazonie, les Andes et la ligne équatoriale, selon le centre de recherches de biodiversité Tiputini de l'Université San Francisco de Quito.

La Constitution de l'Équateur permet la convocation d'un référendum par initiative citoyenne si elle est soutenue par au moins 5 % des quelque 11,4 millions d'électeurs équatoriens.