La présidente costaricienne Laura Chinchilla a annoncé qu'elle saisirait les Nations unies pour protester contre la «menace» proférée par son homologue nicaraguayen Daniel Ortega, qui revendique un territoire frontalier.

«Nous allons informer le Secrétaire (général) des Nations unies et la présidence du Conseil de sécurité (de l'ONU) de la menace proférée», a annoncé mercredi soir à la presse Mme Chinchilla après une réunion avec plusieurs ministres.

Peu auparavant, le Costa Rica avait adressé à l'ambassadeur du Nicaragua Harold Rivas une lettre déplorant les «gravissimes» déclarations du président Ortega, qui «portent gravement atteinte aux relations» entre ces deux pays voisins qui accumulent les différends territoriaux depuis l'arrivée au pouvoir de Mme Chinchilla, en mai 2010.

Mardi, le président du Nicaragua avait évoqué la possibilité de saisir la Cour internationale de justice (CIJ) pour réclamer la souveraineté sur la région de Guanacaste, située dans le nord du Costa Rica, pays dépourvu d'armée depuis 1949.

Selon lui, ce territoire avait été cédé au Costa Rica en tant que «compensation» pour l'aide apportée par les Costariciens dans l'expulsion de l'Américain William Walker, qui s'était fait élire président du Nicaragua en 1856 avec l'intention de faire annexer son pays par les États-Unis. Cette même année, l'armée de Walker avait été battue à Guanacaste par le Costa Rica.

Pour San José, Guanacaste, province la plus grande (10 140 km2) et la moins peuplée (280 000 habitants) du Costa Rica, a été rattachée au pays en 1824 et n'a jamais été conquise par Walker.

«Nous défendrons ce territoire par tous les moyens légaux» disponibles, a assuré Mme Chinchilla, ajoutant qu'elle interpellerait également sur ce sujet le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA) Jose Miguel Insulza.

En 2010, les relations entre ces deux pays d'Amérique centrale s'étaient déjà fortement détériorées après que l'armée du Nicaragua eut occupé un îlot, baptisé Calero ou Portillos, au Costa Rica. San José a porté plainte devant la CIJ de La Haye, qui étudie toujours le dossier aujourd'hui.

En 2011, c'est le Nicaragua qui a porté plainte devant la CIJ à propos de la construction, du côté costaricien de la frontière entre les deux pays, d'une route, qui, selon Managua, aura de graves conséquences sur l'environnement nicaraguayen.

Plus récemment, le Costa Rica - où vivent 20% de Nicaraguayens ou de Costariciens d'origine nicaraguayenne - avait protesté suite à un appel d'offres de Managua pour l'exploration pétrolière dans des zones maritimes du Pacifique et des Caraïbes revendiquées par San José.