Des centaines de milliers de jeunes du monde entier partent samedi en pèlerinage de la gare centrale de Rio pour rejoindre «leur» pape François, dans une immense veillée de prière au bord de l'Océan, avant-dernière étape des JMJ.

Ce moment est attendu fiévreusement par les jeunes, dont certains sont présents depuis des semaines au Brésil où ils ont été accueillis dans les paroisses.

Les pèlerins doivent marcher sur 9 km vers la plage de Copacabana, puis prier et dormir sur place en plein air, avant d'assister à la messe finale du dimanche, qui clôt les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).

Les JMJ devaient s'achever dans un cadre plus bucolique hors de Rio. Mais les pluies qui ont douché le Woodstock catholique toute la semaine ont transformé en bourbier impraticable l'immense terrain inondable aménagé à grands frais qui avait été choisi par les autorités.

Ce énième couac dans l'organisation des JMJ -véhicule du pape bloqué par la foule en raison d'une erreur de trajet, panne de métro de deux heures, engorgement général des transports - a provoqué une vive polémique.

Le maire de Rio Eduardo Paes a fait son mea culpa, s'infligeant une note «plus proche de 0 que de 10» pour l'organisation, tout en saluant la communion réussie entre un pape simple, concret et chaleureux avec les pèlerins des JMJ et le petit peuple carioca.

Cet échec soulève d'inquiétantes interrogations à l'approche des plus grands événements sportifs planétaires, le Mondial de football en 2014 au Brésil et les JO-2016 à Rio.

Le pèlerinage dans Rio sera peut-être l'occasion pour les «JMJistes» de méditer les messages fort lancés vendredi soir par le pape à Copacabana après la Chemin de croix, un des temps forts des JMJ.

«Jésus s'unit aux nombreux jeunes qui ne mettent plus leur confiance dans les institutions politiques, car ils y voient égoïsme et corruption», leur a-t-il lancé.

Ces propos trouvent un écho particulier au Brésil où la jeunesse se révolte depuis juin contre une classe politique qu'elle juge incapable de régler les graves problèmes du pays et corrompue.

Le pape a également évoqué la crise morale qui mine l'Église (scandales pédophiles, financiers) à la tête de laquelle il a été élu en mars pour la réformer. Il a dit comprendre les jeunes «qui ont perdu la foi» à cause de l'incohérence des chrétiens et des ministres de l'Évangile».

Samedi, le pape a un programme marqué par de nombreuses rencontres officielles, après celles plus intimes avec des groupes de jeunes vendredi.

À la cathédrale San Sebastiano, il célèbre dans la matinée une messe solennelle «pour l'évangélisation des peuples» avec mille évêques, en présence de prêtres, de religieux, religieuses et séminaristes.

Plus tard il doit déjeuner à l'archevêché avec les cardinaux et évêques du Brésil.

Auparavant aura lieu au Théâtre municipal la grande et unique rencontre avec les responsables des divers secteurs de la société brésilienne, tous regroupés, et que le Vatican a appelée «rencontre avec la classe dirigeante du Brésil».

Au début de sa visite, lundi, François avait souhaité l'instauration d'un dialogue «entre amis», si possible, entre l'Église et le monde politique.

Occasion dont pourrait profiter le pape pour dessiner quelques grands axes sur les défis politiques, économiques et sociaux du Brésil émergent, principal pays catholique de la planète.

Des sujets chauds qui fâchent ne manquent pas, des moeurs à la contestation sociale, de l'environnement à la lutte contre la pauvreté et le narcotrafic.

François pourrait être politiquement prudent, ne désirant pas interférer en tant que pape, et préférant en laisser la responsabilité aux épiscopats locaux: une ligne qu'il a généralement observée depuis qu'il a été élu pape en mars.

Des hommes politiques, des personnalités de la société civile, de la culture, des chefs d'entreprise, côtoieront les diplomates en poste à Rio.

François est moins à l'aise dans ces manifestations officielles que dans ses effusions avec la foule ou dans des petits groupes dont il se sent proche.