Le pape François a été acclamé par des centaines de milliers de jeunes pèlerins des JMJ jeudi soir à Rio de Janeiro sur la plage de Copacabana, après avoir plaidé le matin pour les pauvres en visitant une favela.

Selon l'organisation des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), 1,5 million de personnes ont bravé la pluie et le froid pour saluer le souverain pontife, hurlant sur son passage, tandis qu'il se tenait debout et souriant à bord de sa jeep blanche découverte.

«Ceci est la jeunesse du pape», scandaient à l'unisson des centaines de milliers de jeunes du monde entier venus participer à la Fête d'accueil des 28e JMJ.

Le pape les a exhortés à crier plus fort, s'est arrêté pour embrasser des bébés ou échanger sa calotte blanche avec celle d'un pèlerin.

«Il paraît que les Cariocas n'aiment ni le froid ni la pluie», a-t-il lancé à l'assistance, une fois arrivé à un immense podium éclairé par une grande croix bleue.

«Et bien vous avez montré que votre foi est plus forte que le froid et la pluie»!

Le mauvais temps a contraint les autorités à renoncer à organiser la veillée et la messe de clôture des JMJ, samedi et dimanche, sur un vaste terrain transformé en bourbier à Guaratiba, à une soixantaine de kilomètres de Rio. La clôture des JMJ aura finalement lieu sur la plage de Copacabana.

Au début de ses paroles de bienvenue, le pape avait demandé une minute de silence pour une jeune Française décédée le 17 juillet dans un accident d'autocar en Guyane, en se rendant aux JMJ.

Un Ave Maria a retenti, dans une nuit illuminée par le scintillement des centaines de milliers de téléphones portables et flashes d'appareils photographiques.

Le pape a ensuite dénoncé «l'illusion d'être heureux» et «l'ébriété» que provoquent chez beaucoup de jeunes l'argent et le pouvoir. Il a appelé les catholiques à une «révolution copernicienne» mettant «Dieu au centre».

Le matin, le pape avait profité de la visite d'une favela pour plaider en faveur de l'intégration sociale des plus pauvres et encourager les jeunes brésiliens à ne pas se résigner à la «corruption» qui ronge le pays.

Il a prononcé son discours le plus politique et social depuis son arrivée lundi au Brésil, secoué en juin par une fronde sociale historique de la jeunesse contre la corruption et l'indigence des services publics de base.

Le pape argentin a été accueilli avec chaleur, entre larmes et rires par les habitants de la petite favela grise et oubliée de Varginha, massés sur le terrain de football boueux de leur communauté.

Il s'est adressé aux jeunes, «qui ont une sensibilité spéciale contre l'injustice», les exhortant à ne pas se résigner à la «corruption de personnes, qui au lieu de chercher le bien commun, cherchent leur propre intérêt».

«Ne vous découragez jamais. La réalité peut changer, l'homme peut changer. Cherchez, vous les premiers, à apporter le bien, à ne pas vous habituer au mal, mais à le vaincre», leur a-t-il conseillé.

Pour ce temps fort de son voyage, le pape avait choisi Varginha, située dans un complexe de favelas surnommé la «bande de Gaza», à cause des fréquents et meurtriers affrontements entre policiers et trafiquants de drogue.

Varginha a été «pacifiée» par la police il y a sept mois. Mais les problèmes y restent profonds: pauvreté, coupures d'eau, pannes d'électricité.

Mais «aucun effort de pacification ne sera durable, il n'y aura ni harmonie, ni bonheur dans une société qui ignore, qui met en marge et abandonne dans la périphérie une partie d'elle-même», a averti le pape.

Le souverain pontife a passé un moment dans la petite maison jaune de Maria Lucia dos Santos Penha, une modeste femme au foyer qui avait préparé pour lui du café et un gâteau.

«Je lui ai dit: "pape François, c'est le plus beau cadeau de ma vie"», a-t-elle confié.