La Colombie a prolongé jeudi pour un an le mandat du bureau de l'ONU pour les droits de l'Homme, malgré les déclarations du président Juan Manuel Santos qui avait évoqué son éventuelle fermeture, suscitant une forte polémique.

La décision a été officialisée par la ministre colombienne des Affaires étrangères Maria Angela Holguin, à l'occasion de la visite de Navi Pillay, haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, dans ce pays en proie au plus vieux conflit armé d'Amérique latine.

«La Colombie n'a que des remerciements à faire au bureau» de l'ONU, a déclaré à la presse Mme Holguin, saluant «tout le soutien» apporté par l'organisme international qui a permis, selon elle, d'aider au «renforcement des institutions».

Cette décision intervient après que le président Santos a annoncé mardi qu'il réfléchissait à l'idée de mettre fin au mandat de l'ONU ou de ne le prolonger que pour une «période très courte», estimant que la Colombie avait «suffisamment avancé» en matière de droits de l'homme.

Le bureau de l'ONU pour les droits de l'Homme a été installé en 1997 dans ce pays latino-américain et son mandat, qui a été renouvelé à plusieurs reprises, s'achève le 31 décembre prochain. L'organisme, qui a une mission d'observation et de conseil, publie chaque année un rapport sur la situation de la Colombie.

En près de 50 ans, le conflit interne, qui a mis en scène des guérillas communistes, des milices paramilitaires d'extrême droite et des bandes criminelles, a fait quelque 600.000 morts, tandis que 15.000 personnes ont été portées disparues et que près de quatre millions d'autres ont dû quitter leur habitation.

«Ce ne sera pas facile de surmonter toutes les tensions qu'a vécues la société en raison de ce conflit», a estimé Mme Pilay, qui a aussi été reçue par le chef de l'État.

Après avoir impulsé une loi de réparation pour les victimes et de restitution des terres spoliées, le président Santos a ouvert l'an dernier des négociations de paix avec la principale guérilla, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), rébellion marxiste en lutte depuis 1964 contre les autorités.