Plus d'un million de Brésiliens se sont rassemblés dans les rues d'au moins 80 villes du pays jeudi, dans le cadre de manifestations marquées de violents affrontements et de demandes renouvelées pour mettre fin à la corruption gouvernementale et améliorer les services publics.

Au moins un manifestant a été tué dans l'État de Sao Paulo après qu'un automobiliste eut foncé dans un groupe de protestataires, apparemment furieux de ne pouvoir emprunter une rue.

À Rio de Janeiro, où une foule estimée à 300 000 manifestants a envahi la place centrale de la grande métropole brésilienne, des affrontements ont eu lieu entre des policiers de l'escouade anti-émeute et des groupes de jeunes hommes, surtout, qui dissimulaient leur visage sous leur chandail.

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Mais plusieurs manifestants pacifiques ont été coincés dans l'intervention policière, alors que des policiers ont lancé des capsules lacrymogènes en leur direction en plus de les asperger, quelques fois sans discernement, de poivre de Cayenne.

Au moins 40 personnes ont été blessées à Rio. Mais malgré l'intervention policière, les manifestants ont promis de ne pas fléchir.

À Brasilia, la capitale, les policiers ont eu de la difficulté à empêcher des centaines de manifestants d'envahir les bureaux du ministère des Affaires étrangères, à l'extérieur desquels certains des protestataires ont allumé un petit feu. Là aussi les policiers ont eu recours aux gaz lacrymogènes et à des balles en caoutchouc pour éparpiller les foules.

On a également rapporté des affrontements à Belem, une ville de la jungle amazonienne, à Porto Alegre, dans le sud du pays, dans la ville universitaire de Campinas, au nord de Sao Paulo, et dans la ville de Salvador, dans le nord-est du Brésil.

«Ce devait être une manifestation pacifique et ça l'est», a affirmé Wanderlei Costa, un artiste âgé de 33 ans, à Brasilia. «C'est une honte que certaines personnes sèment le trouble lorsqu'il existe un message beaucoup plus important derrière ce mouvement. Le Brésil doit changer, pas seulement au niveau du gouvernement, mais aussi au niveau de la population. Nous devons apprendre à manifester sans violence.»

Ces manifestations se sont déroulées une semaine après une violente répression policière lors de protestations de moindre envergure à Sao Paulo, ce qui a eu pour effet de pousser les Brésiliens à envahir les rues du pays.

Elles surviennent aussi au moment où le pays accueille le tournoi de soccer de la Coupe des Confédérations, auquel assistent des dizaines de milliers de visiteurs, et un mois avant la visite du pape François. Par ailleurs, le Brésil sera le pays hôte de la Coupe du monde de football, en 2014, et des Jeux olympiques d'été de 2016, ce qui soulève des questions sur la façon dont sera gérée la sécurité pendant ces événements de grande envergure.

Les grandes manifestations au Brésil, un pays de 190 millions d'habitants, sont plutôt rares. Mais ces marches quotidiennes ont pris de court les autorités gouvernementales du pays, et comblé de nombreux citoyens.

«Je pense que nous avons un grand besoin de tout cela, c'est quelque chose dont nous avions besoin depuis très, très longtemps», a observé Paulo Roberto Rodrigues da Cunha, un vendeur de vêtements de 63 ans, qui travaille à Rio.