Le Mexique doit fixer une date pour le retrait des forces militaires déployées dans la lutte contre les cartels de la drogue en raison des nombreuses atteintes portées aux droits de l'homme, a estimé jeudi Amnesty International jeudi.

L'intervention de dizaines de milliers de militaires décidée par l'ex-président Felipe Calderon (2006-2012) à son arrivée au pouvoir a généré de nombreuses et sérieuses violations, a dit le directeur d'Amnesty pour le Mexique, Daniel Zapico.

Le successeur de Calderon, Enrique Peña Nieto, qui a pris ses fonctions en décembre, s'est engagé à modifier la stratégie dans le but de diminuer une violence qui a fait 70.000 morts en six ans. Mais il vient d'envoyer des milliers de militaires dans l'État du Michoacan (ouest), jusqu'au retour de la paix dans cette région particulièrement touchée par les affrontements liés aux narcotrafiquants.

« Le Mexique doit fixer dès maintenant une date pour faire sortir l'armée des rues », a dit Zapico en présentant la partie consacrée au Mexique du rapport annuel d'Amnesty consacrée à la situation mondiale des Droits de l'homme.

Zapico a émis des doutes sur la décision d'envoyer des troupes au Michoacan. « Il est difficile d'espérer des résultats en faisant la même chose qu'auparavant », une référence au fait que cet État avait déjà été le premier lieu d'intervention de l'armée contre les narcotrafiquants en 2006.

Le rapport d'Amnesty estime que l'armée, la marine, la police fédérale, régionale et municipale étaient responsables « des violations nombreuses et graves des droits de l'homme dans un contexte d'opérations anti-crime », entre 2006 et 2012.

Zapico a souligné que les détentions arbitraires, la torture et l'usage excessif de la force continuaient actuellement, ainsi que des exécutions extra-judiciaires.

La reconnaissance de l'existence du problème par Pena Nieto est un « changement positif », mais il ne suffit pas à résoudre le problème et des « changements radicaux » sont nécessaires dans le système judiciaire pour mettre fin à l'impunité, a-t-il estimé.

Selon Zapico,  l'intention de Peña Nieto de créer un corps de gendarmerie doit aller avec l'assurance que ces nouvelles forces fédérales feront preuve de transparence et seront tenues pour responsables de toute violation des droits de l'homme.

Le gouvernement de Peña Nieto a annoncé que la gendarmerie devrait débuter en septembre avec un effectif de 10 000 membres pour aboutir à 40 000 d'ici six ans.