La Commission de la Vérité, créée il y a un an par la présidente brésilienne Dilma Rousseff, une ancienne membre de la guérilla, a publié mardi une première radiographie de la répression et de la torture au Brésil sous la dictature (1964 à 1985).

Des centres de tortures dans des universités et une structure organisée de la répression dirigée depuis le plus haut niveau de l'État font partie des révélations préliminaires issues des enquêtes de la Commission au cours de sa première année et rendues publiques au cours d'une conférence de presse.

Mme Rousseff, emprisonnée et torturée sous le régime militaire, avait inauguré cette commission le 16 mai 2012 pour qu'elle enquête sur les violations des droits de l'Homme pendant la répression, qui a fait au moins 400 morts et disparus.

La torture était déjà courante au début du régime militaire en 1964 et elle s'est accentuée en 1969 en réaction à la dissidence politique de plus en plus organisée, a expliqué Heloisa Starling, historienne et membre de la  Commission.

Le Centre d'informations de la Marine a été mentionné comme ayant été «l'un des organismes les plus féroces de la structure de la répression», d'après Mme Starling, qui a montré à la presse un document officiel de la Marine de décembre 1972 confirmant la mort de 11 disparus politiques alors que la Marine continue aujourd'hui à affirmer qu'elle n'est au courant de rien.

Les enquêtes de la Commission se sont étendues aux pays voisins du Cône sud (Argentine, Uruguay, Paraguay et Chili) où les dictatures ont collaboré au Plan Condor destiné à coordonner la répression dans toute la région.

L'avocate Sandra Cardoso, coordinatrice de la Commission, a indiqué que les restes mortels de l'ancien président Joao Goulart, destitué en 1964 par le coup d'État militaire et mort en 1976 en Argentine, seraient exhumés afin de savoir s'il a été empoisonné comme l'a affirmé en 2008 un ex-agent uruguayen.

Mme Cardoso a déclaré que la Commission pourrait recommander, à la clôture de ses travaux en 2014, que la Loi d'Amnistie générale de 1979 empêchant de juger et d'écrouer les tortionnaires, soit remise en question.

En 2010, la Cour inter-américaine des droits de l'Homme avait estimé que cette loi, qui a permis le retour des exilés politiques, mais protège aussi les tortionnaires, était «sans effets juridiques», alors que, pour la Cour suprême du Brésil, elle est toujours en vigueur.

En un an, la Commission de la Vérité a recueilli le témoignage de 37 agents du régime militaire, de 24 militaires dissidents ayant subi des sanctions et de 207 victimes et témoins de la dictature.