Barack Obama et son homologue mexicain Enrique Peña Nieto ont vanté jeudi le recentrage de leurs relations sur l'économie, le président américain prenant aussi acte de la nouvelle stratégie du gouvernement mexicain face au narcotrafic et à la violence qui en découle.

M. Obama, qui a entamé en début d'après-midi une visite de 24 heures au Mexique, a exalté lors d'une conférence de presse les liens des États-Unis avec leur voisin du sud, «parmi les plus importants et plus dynamiques qui existent entre deux pays sur Terre». Il a aussi rendu hommage à l'«audace» réformatrice de son hôte.

Les deux dirigeants se sont entretenus dans le cadre somptueux du palais national au centre de Mexico et devaient se retrouver en soirée pour un dîner de travail à la résidence présidentielle de Los Pinos. Il s'agit de la quatrième visite de M. Obama au Mexique depuis 2009 et de sa première depuis l'entrée en fonctions de M. Peña Nieto fin 2012.

Ce dernier a lancé des réformes économiques et a dit souhaiter redéfinir les priorités de ses relations avec Washington, jusqu'à récemment dominées par la question de la lutte contre la violence due au narcotrafic qui a fait quelque 70 000 morts depuis six ans.

Le gouvernement mexicain, qui sous le prédécesseur de M. Peña Nieto, Felipe Calderon, entretenait des relations sécuritaires très étroites avec Washington, exige désormais de voir les agences américaines traiter avec le ministère de l'Intérieur et non plus avec leurs homologues mexicaines.

«C'était comme cela auparavant: chaque agence des États-Unis ou chaque agence mexicaine pouvait en décider. Maintenant il n'y a qu'une voie, c'est le ministère de l'Intérieur. C'est ainsi, dans l'ordre, que l'on pourra obtenir une bonne collaboration pour que ce ne soit pas chacun qui croit et détermine qui est le meilleur dans le travail qu'il réalise», a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Miguel Angel Osorio Chong à une radio.

Optimisme sur une réforme de l'immigration

M. Obama en a pris acte. «J'ai accepté de poursuivre notre étroite coopération en matière de sécurité, même si la nature de cette coopération va évoluer», a-t-il affirmé.

«Comme je l'ai dit au président (Peña Nieto), c'est évidemment aux Mexicains de déterminer leurs structures de sécurité et la façon dont ils interagissent avec d'autres pays, dont les États unis», a-t-il ajouté, tout en promettant de poursuivre l'initiative de Merida, qui a fourni au Mexique pour des centaines de millions de dollars d'aide militaire contre les trafiquants.

De son côté, M. Peña Nieto a affirmé que sa nouvelle stratégie visait à obtenir de «meilleurs résultats», mais qu'il n'allait pas baisser pavillon face aux cartels. «Ces objectifs ne sont pas contradictoires», a-t-il dit, assurant que les États-Unis avaient «très bien compris la raison pour laquelle le gouvernement insiste sur la réduction de la violence».

Sur le plan économique, les deux gouvernements ont annoncé la mise en place d'un groupe de travail interministériel pour approfondir des relations commerciales qui ont déjà quadruplé en valeur depuis un accord de libre-échange en 1994.

La politique intérieure américaine s'est aussi invitée au Mexique sur le sujet de l'immigration, alors qu'un projet de loi prend forme au Sénat de Washington pour faire «sortir de l'ombre» quelque 11 millions de clandestins, dont un grand nombre de Mexicains.

«Il est important pour chacun de se rappeler que notre frontière commune est plus sûre qu'elle l'a été depuis des années», a affirmé M. Obama, alors que ses adversaires républicains exigent un renforcement des défenses des 3000 km de frontière comme préalable à l'adoption de la réforme.

Le président américain a aussi affirmé que les progrès économiques du Mexique devaient «entrer en ligne de compte dans le débat (sur l'immigration) aux États-Unis en se disant «optimiste» sur une adoption de ce texte à terme.

Vendredi matin, M. Obama doit prononcer un discours au Musée d'anthropologie de Mexico avant de reprendre l'avion peu après midi pour sa deuxième et dernière étape en Amérique latine, le Costa Rica.