Barack Obama passe la fin de la semaine au Mexique et au Costa Rica pour célébrer avec des homologues latino-américains le succès de leurs relations économiques, sans oublier des sujets ardus comme la violence et la drogue, sur fond de réforme de l'immigration aux États-Unis.

Le président américain est attendu jeudi à Mexico pour des entretiens avec son homologue Enrique Peña Nieto, récemment investi à la tête du deuxième plus gros client des États-Unis et son troisième fournisseur, 20 ans après l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui englobe aussi le Canada.

«Il va être beaucoup question d'économie. Nous avons passé tellement de temps sur les questions de sécurité entre les États-Unis et le Mexique que parfois je pense que nous oublions qu'il est un énorme partenaire commercial», a expliqué mardi M. Obama.

Le commerce entre États-Unis et Mexique représente 500 milliards de dollars par an et a plus que quadruplé depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA.

«Nous voulons voir comment nous pouvons approfondir cela, comment nous pouvons l'améliorer et poursuivre ce dialogue économique à long terme», a dit M. Obama, qui avait déjà rencontré M. Peña Nieto à Washington en novembre 2012, peu avant que ce dernier prenne la relève de Felipe Calderon.

Le nouveau dirigeant a fait de la baisse de la violence criminelle un de ses objectifs prioritaires, après six ans de violences liées au trafic de drogue qui ont coûté la vie à 70 000 personnes.

Il a insisté sur la prévention et le développement économique comme moyen d'y parvenir, plutôt que la seule option militaire à laquelle avait eu recours M. Calderon, avec d'ailleurs la coopération de Washington.

Réservoir de croissance

Dans le cadre de l'«initiative de Mérida» signée par George W. Bush, les États-Unis ont débloqué 1,9 milliard de dollars d'aide, notamment de matériel militaire, au Mexique et à l'Amérique centrale pour lutter contre l'influence des cartels.

Mais «on ne combat pas la violence avec davantage de violence», a avancé le ministre de l'Intérieur mexicain Miguel Angel Osorio Chong, qui a récemment signé un accord à Washington pour greffer un plan de prévention à l'initiative Mérida.

Les Mexicains «veulent élargir le programme des discussions avec les États-Unis, ils ne veulent pas seulement parler de sécurité, même s'ils ont encore beaucoup de problèmes en matière de sécurité» et que «le Mexique reste un énorme exportateur de drogue vers les États-Unis», estime Carl Meacham, directeur du programme «Amériques» au groupe de réflexion CSIS de Washington.

Il s'agira du quatrième voyage de M. Obama au Mexique depuis 2009 et de son sixième en Amérique latine, région dont il vante le dynamisme économique, réservoir potentiel de croissance, mais aussi fournisseur de matières premières pour son pays.

Après Mexico, le président se rendra vendredi au Costa Rica pour un sommet avec les dirigeants des pays d'Amérique centrale et de la République dominicaine, moins de deux mois après la disparition du président vénézuélien Hugo Chavez, critique de la politique américaine et concurrent géopolitique de Washington dans la région.

Pour M. Meacham, ce voyage sera aussi l'occasion pour M. Obama, qui reviendra samedi soir à Washington, de défendre la réforme de l'immigration qu'il appelle le Congrès à adopter pour faire «sortir de l'ombre» les quelque 11 millions de clandestins, en majorité d'origine latino-américaine, vivant aux États-Unis.

Le projet de loi qui prend forme au Sénat, porté par des élus des deux bords, a été favorablement accueilli tant par le Mexique que par les pays d'Amérique centrale, mais le passage d'un tel texte à la Chambre des représentants pourrait se révéler difficile.