Trois ans après le tremblement de terre, le nombre de réfugiés dans les camps haïtiens diminue tous les jours. Mais derrière ce bilan se cache un autre drame: l'expulsion forcée de milliers de familles. Dans son rapport Nulle part où aller, publié hier, Amnistie internationale tire la sonnette d'alarme. Voici quatre mots pour comprendre la situation.

Bidonvilles

Avant même le tremblement de terre, le pays souffrait déjà d'une pénurie de logements. Amnistie internationale estime qu'il manquait 700 000 logements, et les deux tiers de la population en ville vivaient dans des quartiers improvisés. «La moitié des bidonvilles étaient situés sur des pentes abruptes ou au fond de ravines», précise le rapport. Ce sont dans ces quartiers que les dégâts ont été les plus importants. Le séisme a donc aggravé un problème déjà présent.

Camps

Après le tremblement de terre, 1,5 million de personnes se sont réfugiées dans les camps. Ils sont aujourd'hui 320 051, mais les conditions de vie se dégradent. Une épidémie de choléra a fait 8060 morts. La majorité de ces camps ne compte toujours pas de points d'eau et des femmes craignent d'être agressées sexuellement. «Personne ne souhaite vivre dans un camp, mais la solution, ce n'est pas de les démanteler et de dire aux gens «débrouillez-vous», souligne Anne Sainte-Marie, du bureau montréalais d'Amnistie.

Expulsion

Entre juillet 2010 et mars 2013, 60 978 personnes ont été expulsées des camps. Amnistie s'inquiète du fait que ce nombre a soudainement augmenté depuis janvier dernier. Ces expulsions se font souvent dans la violence et l'intimidation, souligne Amnistie. «La semaine dernière, quelqu'un a été battu à mort par la police, car il protestait contre des évictions forcées», illustre Anne Sainte-Marie. Les biens des gens sont souvent détruits avec leurs abris, ce qui aggrave leur situation déjà précaire.

Protection

Selon Anne Sainte-Marie, le comportement des autorités aggrave la situation. «Des gens qui ont déjà tout perdu sont hébergés dans les camps et même là, ils sont chassés, dit-elle. Amnistie reconnaît les efforts du gouvernement pour mettre en place une première politique nationale du logement. «Mais d'ici à ce que ça se traduise par des gestes concrets, qu'est-ce qu'on fait?» L'organisme déplore le fait que les Haïtiens ne disposent d'aucune protection, que ce soit un préavis raisonnable, une aide pour se loger ou une indemnisation.