Margaret Thatcher, l'ex-Premier ministre britannique décédée lundi, est un des personnages les plus détestés en Argentine, du fait de la guerre des Malouines qui a opposé les deux pays en 1982.

Dans les rues de Buenos Aires, la plupart des Argentins estiment que la guerre qui a fait 900 morts argentins et britanniques aurait pu être évitée sans la posture belliqueuse de Mme Thatcher.

«La Thatcher était une femme prétentieuse et agressive, une femme de fer qui voulait tout emporter sur son passage, comme pendant la guerre des Malouines, une guerre injuste car les soldats qui ont été envoyés sur place ne savaient pas se servir d'un fusil», estime René Miranda, un ingénieur de 69 ans.

«Quel besoin d'entrer en guerre avec un pays militairement inférieur», s'indigne pour sa part Carlos Diaz, 31 ans, né le jour de l'invasion des Iles Malouines par l'armée argentine, le 2 avril 1982.

«Béni soit le jour où est morte cette femme terrible qui a fait tant de mal», lance devant la cathédrale de Buenos Aires Domenico Gruscomagno, un Italien de 71 ans, installé en Argentine depuis 1953.

Au total, 649 Argentins et 255 Britanniques ont péri pendant cette guerre de 74 jours dans l'Atlantique sud.

Le gouvernement argentin, qui continue de revendiquer l'archipel, n'a pas fait de commentaire.

L'agence de presse argentine Telam se souvient de «la politicienne qui a provoqué la guerre des Malouines» et affirme que la destruction du croiseur argentin General Belgrano (323 morts) restera «pour le monde, sauf Londres et ses alliés, un crime de guerre», car il se trouvait en dehors de la zone d'exclusion décrétée par le Royaume-Uni.

Margaret Thatcher, a regretté un leader des anciens combattants argentins des Malouines Mario Volpe, «est morte dans l'impunité, sans être jugée, elle restera dans les mémoires comme quelqu'un qui n'a rien fait pour la paix».

D'après le président du Centre des anciens combattants des Malouines, elle a préféré couler le navire militaire argentin «alors qu'elle avait l'opportunité de mettre un terme au conflit»

Thatcher, a-t-il ajouté, «ne s'est pas distinguée du dictateur (argentin, Lepoldo) Galtieri», qui avait ordonné l'invasion des Malouines britanniques le 2 avril 1982.

Même son de cloche chez Gisella Sanguinetti, étudiante en droit de 53 ans: «toute personne qui commet un délit ou toute manipulation contre les règles internationales doit être jugée et éventuellement condamnée», affirme-t-elle.