L'élections présidentielle du 14 avril au Venezuela seront irréprochables et transparentes d'un point de vue technique, mais le scrutin sera «profondément antidémocratique» en raison de l'inégalité d'exposition entre candidats, estime Vicente Diaz, membre du Conseil national électoral (CNE).

M. Diaz, connu pour être une voix dissonante au sein de l'organe électoral, estime dans un entretien avec l'AFP qu'on se trouve face à une «élection profondément anti-démocratique», parce que «le principe fondamental est que les candidats participent dans des conditions d'égalité, et que cela n'est pas le cas» pour cette campagne.

Le responsable relève en premier lieu la différence de traitement par les médias du pays des campagnes du candidat de l'opposition Henrique Capriles, et du candidat du gouvernement Nicolas Maduro, successeur désigné du président Hugo Chavez et grand favori du scrutin.

Selon M. Diaz, il est matériellement impossible que la candidature du jeune gouverneur de l'opposition ait la même visibilité que celle de M. Maduro. À titre d'exemple, il désigne un quotidien dans lequel les partis des deux candidats ont fait publier une page de publicité. Mais en tournant les pages du journal, il montre huit autres encarts pro-Maduro selon lui payés par le gouvernement.

«Cela démontre l'avantage écrasant du gouvernement pour cette campagne (...) et le CNE favorise cette situation» en ne la condamnant pas, estime-t-il, avant d'affirmer que «si Maduro l'emporte, ce sera le résultat d'une élection injuste et déséquilibrée».

Parmi les cinq membres de l'organe chargé de veiller au bon déroulement du scrutin et de la campagne électorale, M. Diaz reconnaît être seul à regretter cette situation et à avoir régulièrement dénoncé les abus commis selon lui par le gouvernement.

«L'idéal serait que le CNE représente ce pays pluriel», lance celui qui a déposé pas moins de 16 plaintes contre les pratiques jugées abusives du gouvernement d'Hugo Chavez, mais aucune n'a été suivie d'effet jusqu'au décès du président d'un cancer le 5 mars dernier.

Pour M. Diaz, si ces irrégularités venaient à s'étendre, elles pourraient compromettre jusqu'à «la paix du Venezuela».

«N'importe quelle irrégularité va provoquer une réaction énorme, personne n'est dupe ici», mais «je suis convaincu que le CNE est conscient de sa responsabilité vis-à-vis de la tranquillité et de la paix dans la famille vénézuélienne, et je suis certain qu'il gardera la situation sous contrôle».

Le CNE a fait l'objet de nombreuses critiques ces dernières années pour sa proximité supposée avec le pouvoir en place. Une situation encouragée selon lui par le gouvernement d'Hugo Chavez (1999-2013) qui a monopolisé les médias du pays au moment des scrutins sans prendre le soin de ménager un organe électoral montré du doigt pour sa passivité.

Par ailleurs, le responsable du CNE se dit confiant dans la fiabilité technique du scrutin et le respect des résultats par les parties.

«Le système a démontré que gagneront ceux qui auront obtenu des votes», assure-t-il. En outre, «je crois que si Capriles l'emporte, le gouvernement n'aura pas d'autre choix que de l'accepter».

Dans le cas contraire, M. Capriles «a déjà démontré son esprit démocratique» en reconnaissant son échec après avoir perdu le scrutin d'octobre 2012 face à Hugo Chavez, estime encore M. Diaz.