En annonçant sa démission de l'organisation ONU Femmes et son retour au Chili, l'ancienne présidente Michelle Bachelet a alimenté les rumeurs à l'effet qu'elle pourrait se présenter aux prochaines présidentielles.

Michelle Bachelet a un curriculum vitae bien garni: fille d'un général torturé à mort pour s'être opposé à un coup d'État, exilée de gauche pendant la dictature meurtrière, pédiatre, ministre, mère, présidente, dirigeante de l'agence onusienne responsable de la promotion de l'égalité des femmes.

Et en rentrant au bercail, s'il n'en tient qu'à la gauche chilienne, elle pourrait bien ajouter un autre item à cette liste: sauveur.

La politicienne âgée de 62 ans, qui était à la tête d'ONU Femmes depuis juillet 2010, a annoncé son départ à la fin du discours qu'elle a livré vendredi soir en clôture de la Commission sur la condition de la femme.

Elle n'a toutefois fait aucune mention de ses intentions ou des raisons précises de son départ, et ce silence frustre non seulement ses opposants, mais aussi ses partisans, qui sont nombreux à espérer qu'elle déposera sa candidature en vue du scrutin présidentiel du 17 novembre.

Des sondages réalisés récemment montrent qu'environ 54 pour cent des électeurs soutiendraient sa candidature. Lorsqu'elle a quitté le pouvoir en 2010, après avoir été élue en 2006, elle jouissait d'une cote d'approbation de 80 pour cent.

L'opposition de centre-gauche la considère donc comme la personne la mieux placée pour défaire le président conservateur Sebastian Pinera.

«Nous n'avons pas de plan B. Je suis sérieux. Dans l'opposition, nous ne sommes tout simplement pas préparés à une réponse négative de la part de Bachelet», a résumé Jaime Quintana, président du Parti pour la démocratie, l'une des formations politiques faisant partie de la coalition de centre-gauche.

Quelle qu'elle soit, la personne qui se retrouvera à la tête du pays aura de nombreux défis à relever. Des manifestations organisées par les groupes sociaux avaient ébranlé la présidence de Mme Bachelet, mais elles ont été encore plus déstabilisantes pour le leadership de Sebastian Pinera. Celui-ci est d'ailleurs le président le moins populaire depuis le retour de la démocratie au Chili, en 1990, à la suite des années de dictature du général Augusto Pinochet.