Les habitants des îles Malouines sont appelés dimanche et lundi à participer à un référendum d'autodétermination qui s'annonce comme l'occasion de confirmer leur attachement à la couronne britannique, en dépit des revendications de souveraineté de l'Argentine.

La victoire du «oui» lors de cette consultation ouverte à 1672 lecteurs fait peu de doute. Et les autorités de ces îles perdues dans l'Atlantique Sud, enjeu d'une guerre éclair anglo-argentine il y a 31 ans, espèrent que ce résultat fera avancer leur cause aux yeux de la communauté internationale.

«Ce référendum montrera que la majorité des gens sont très contents d'appartenir à un territoire d'outre-mer britannique parce que ce statut inclut notre droit à l'autodétermination», a assuré à Londres Jan Cheek, députée de l'Assemblée législative des Falklands, appellation britannique des Malouines.

«Nous nous tromperions si nous pensions que l'Argentine va changer d'approche du jour au lendemain, mais nous espérons que cela enverra un message fort à ce pays et aux autres», a expliqué à l'AFP cette «Islander» (la façon dont se désignent entre eux les habitants de l'archipel) dont la famille réside aux Malouines depuis six générations.

Ce scrutin se déroule avec la bénédiction du gouvernement britannique, qui contrôle l'archipel depuis 1833 et se refuse à considérer les revendications argentines qui rejettent les visées colonialistes de Londres.

«Les habitants des Malouines ont le droit de se faire entendre et de déterminer leur avenir et celui des générations futures», a souligné le Foreign Office. «Nous espérons que le résultat démontrera sans nul doute possible de quel côté ils penchent».

L'Argentine, qui estime avoir un droit historique sur ces îles situées à 400 kilomètres de ses côtes, a de son côté déjà fait savoir qu'elle ignorerait le résultat d'une consultation à ses yeux illégale. Pour elle, les Islanders constituent une «population implantée» par les Britanniques et ne peuvent revendiquer à ce titre un droit à l'autodétermination.

«Ce référendum n'a pas de base légale. Il ne sera pas reconnu par les Nations unies ou la communauté internationale», a déclaré cette semaine à des journalistes l'ambassadrice argentine au Royaume-Uni, Alicia Castro, qui n'y voit qu'un «exercice de relations publiques».

Buenos Aires demande, à l'instar de l'ONU, l'ouverture de négociations bilatérales avec Londres pour régler un contentieux qui a débouché sur un bref conflit armé entre les deux pays en 1982, dans lequel 649 soldats argentins et 255 britanniques ont péri.

La tension entre Londres et Buenos Aires a été ravivée en 2010 à l'occasion d'une campagne d'exploration pétrolière britannique au large des îles qui vivaient jusqu'alors de la pêche et de l'élevage de près d'un demi-million de moutons. Les échanges se sont encore un peu plus détériorés à l'occasion du 30e anniversaire de la guerre.

Le référendum aura lieu sur deux jours pour que les 1672 inscrits aient tous la possibilité d'y participer. La majorité vit dans la capitale, mais des bureaux de vote mobiles sont prévus pour que les habitants des zones les plus reculées puissent aussi mettre leur bulletin dans l'urne. L'archipel abrite 2500 personnes, sans compter quelque 1300 soldats britanniques.

Les électeurs devront répondre par oui ou non à la question : «Voulez-vous que les Malouines restent un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni?»

Si jamais, contre toute attente, le «non» l'emportait, une autre consultation serait organisée pour déterminer le nouveau statut des Malouines.

Une équipe d'observateurs internationaux, dont la composition n'a pas encore été dévoilée, mais qui pourrait comprendre des représentants de l'Uruguay et du Pérou selon la presse britannique, doit garantir le bon déroulement du scrutin.

Les résultats seront connus dans la nuit de lundi à mardi, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote à 21 h GMT (16 h à Montréal).